As-tu trop de vacances ?

Le 2 février dernier, Emmanuel Macron a relancé le vieux débat autour de la longueur des vacances scolaires. 

Comme lui, demandons-nous s’il «ne faut pas revoir les vacances pour pouvoir alléger les semaines». 

Un système bien installé 

Tous les récents ministres de l’Éducation nationale ont songé à réduire tes vacances, sans grand succès à chaque fois. Il est délicat de modifier un système vieux de plus de 60 ans. Depuis la fin des années 1960, les écoliers profitent de 16,5 semaines de vacances en moyenne, à raison de 8 en été et 8 autres réparties dans l’année.  

D’autant plus que la composition du calendrier scolaire ne dépend pas uniquement du ministère de l’Éducation nationale. Son élaboration est le fruit d’une concertation avec le Conseil supérieur de l’éducation, les associations de parents d’élèves, le ministère du Tourisme et celui des Transports. Outre les complications administratives et les intérêts économiques qu’elle implique, cette élaboration doit respecter l’équilibre chronobiologique de l’enfant, établi à 2 semaines de vacances pour 7 semaines de cours. 

La France sèche les cours? 

«La France a des vacances plus longues que dans beaucoup de pays», avance le président. En ligne de mire: les vacances d’été. Huit semaines seraient une trop grande coupure, affirmait le 15 janvier Élisabeth Borne, actuelle ministre de l’Éducation nationale1. Selon elle, Cela aggraverait le décrochage scolaire et creuserait les inégalités entre les élèves.  

Qu’en est-il réellement chez nos voisins européens? Si nous comparons les grandes vacances, la France compte 8 semaines, alors que la moyenne européenne se situe entre 9 et 12 semaines. En été, seuls l’Allemagne et les Pays-Bas se montrent plus avares en congés, la première n’en offrant que 6 semaines et l’autre 6,5. C’est lorsqu’on compare le total des jours de congés annuels que nos écoliers se démarquent nettement: la France, avec 121 jours, est à une place du podium occupé par les trois pays baltes, loin devant les Italiens, qui pourtant se reposent 11 à 14 semaines l’été.  

Trop de congés, mais aussi trop de travail 

Selon la psychologue Claire Leconte, la question de la longueur des vacances d’été est un faux débat. Le problème se situerait ailleurs. Si la France offre de longs congés à ses élèves, elle leur impose en contrepartie l’un des plus gros volumes horaires européens: 864 heures pour seulement 170 jours travaillés. Une disposition contre-intuitive, qui contraint à des emplois du temps surchargés, ne disposant de surcroît que de 4 jours et demi par semaine! Résultat: journées longues et décousues, fatigue, mauvaise mémorisation des cours, peu de temps libre. 

Claire Leconte dénonce les changements de rythmes incessants que produisent les petites vacances: «La Toussaint, c’est complètement aberrant. Six semaines après le retour des vacances d’été, ils repartent déjà pour deux semaines de vacances.» D’autres encore préconisent de revenir à la semaine à 5 jours. À chaque fois, l’objectif est le même: donner aux élèves un rythme d’apprentissage plus sain en répartissant mieux les temps d’enseignement pour alléger les emplois du temps.  

Briac Saint Loubert Bié 

Actuailes n°187 - 12 Février 2025