Salon de l’agriculture : politique et malaise agricole

Du 22 février au 2 mars 2025 s’est tenu le 61e Salon international de l’agriculture, dans une ambiance plus apaisée que l’édition précédente. 

Mais le malaise agricole persiste, souligné par des élus en visite sourds aux attentes des agriculteurs.  

La plus grande ferme du monde 

607503 visiteurs en 9 jours, une fréquentation en légère hausse pour l’édition 2025 du Salon international de l’agriculture (SIA), plus vaste salon européen en la matière. Ce qui était au XIXesiècle un concours d’animaux de boucherie entre professionnels est devenu un vaste espace d’innovation, d’exposition et de promotion des produits issus du savoir-faire agricole français. 

Durant le salon se tient le Concours Général Agricole (CGA) – référence dans le secteur – divisé en trois catégories. La première met en compétition 2000 animaux jugés selon leur race et divers critères esthétiques, tels que la musculature ou encore l’aplomb. Les deux autres comparent la qualité des produits de nos terroirs, parmi les 1000 exposants présents, et mettent en avant le savoir-faire des jeunes agriculteurs.  

De forts enjeux politiques 

Le SIA a une forte valeur symbolique: il est la vitrine très médiatisée de l’agriculture française, la mise en valeur de son savoir-faire, le lieu désigné où, pendant 10 jours, les Français renouent avec leur terroir. Dans un pays fier de sa gastronomie, les agriculteurs occupent une place particulière dans le cœur des Français. D’un point de vue plus pragmatique, le secteur agricole est l’unique garant de la souveraineté alimentaire d’un pays. 

Tout cela, le personnel politique l’a bien compris. Depuis sa première édition en 1964, il est de coutume que l’inauguration du SIA revienne au président de la République. Il est de bon ton pour le personnel politique de se montrer déambulant entre les stands, bouchonnant un cheval ou conversant avec un éleveur. La saison 2025 a été prolifique en visites protocolaires: pas moins de 88politiques se sont relayés dans les différents pavillons. 

Des élus en décalage 

Des visites cependant bien encadrées. Un protocole dicte désormais le parcours des élus. On veut éviter que les émeutes qui ont marqué l’ouverture de l’édition 2024 se reproduisent, car le malaise qui pèse sur la profession agricole n’est encore éteint. Aux yeux des agriculteurs, ces élus semblent plus soucieux de profiter de l’exposition médiatique que leur offre cette visite, plutôt que d’accéder à leurs revendications: des salaires plus justes, des garanties contre la concurrence des produits étrangers. 

L’écart entre les attentes des agriculteurs et les fins politiques du SIA était incarné cette année par le choix du pays hôte mis à l’honneur: le Maroc. Un choix qui intervient dans un contexte de rapprochement diplomatique entre Paris et Rabat, à la suite de la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en juillet dernier. Un pays pourtant dans le viseur de nos agriculteurs, qui dénoncent la concurrence des produits marocains, si bien que la tomate marocaine est devenue un symbole de la perte de la souveraineté agricole française. 

Briac Saint Loubert Bié

Actuailes n°188 - 12 mars 2025