Mercredi 5 mars, Emmanuel Macron s’est adressé aux Français de manière solennelle. Il souhaitait les alerter sur le danger russe pour notre sécurité. Et sur le besoin d’y répondre en renforçant notre défense.
Depuis 35 ans, le format des armées française et européenne a été drastiquement réduit. L’Europe comptait sur la protection de l’armée américaine au sein de l’OTAN. Mais, avec l’élection de Donald Trump, cela n’est plus garanti. Or, au même moment, la Russie menace la sécurité du continent. Il nous faut donc réagir pour protéger la paix.
La réduction des armées
En 1989, le mur de Berlin s’effondre. Prend ainsi fin la menace des redoutables armées soviétiques. La plupart des Français croient alors que la paix qui commence sera éternelle sur le continent européen. Le service militaire est suspendu, ce qui réduit considérablement la taille de l’armée. Et les budgets s’effondrent. Il s’agit alors de toucher les «dividendes de la paix» et de réorienter cet argent vers des sujets jugés plus importants: écologie, aide sociale, école. Ne reste qu’une petite armée, qualifiée de «bonsaï», qui a pour vocation principale des missions de maintien de la paix dans le monde entier, ou de lutte contre le terrorisme islamiste. Et, dans l’esprit de nos hommes politiques, si une menace se fait jour, nous serons protégés par les Américains, et par notre bombe atomique qui dissuadera tout ennemi de nous attaquer, vu les risques encourus.
Le retour de la guerre près de chez nous
En 2022, la France se réveille abasourdie par l’invasion russe de l’Ukraine. C’est le retour de la guerre en Europe. Les Ukrainiens sollicitent notre aide pour du matériel militaire. La faiblesse des armées européennes saute alors aux yeux. Les stocks sont quasiment vides, les véhicules parfois vieux et toujours en très faible quantité. Les États-Unis fournissent donc une aide essentielle que nous venons compléter. Mais aucune mesure sérieuse n’est vraiment prise pour remonter la pente. Emmanuel Macron ne prend pas la menace au sérieux et ne décide d’augmenter le budget militaire que de 3milliards par an. Avec l’inflation, les matériels donnés à l’Ukraine et les besoins de la dissuasion nucléaire, cela fait même ralentir la modernisation de l’armée de Terre. Et pas un bateau ou avion Rafale supplémentaire.
La menace russe
Depuis 2007, Vladimir Poutine, le président russe, n’a jamais caché qu’il souhaitait recouvrer la grandeur de la Russie. Cela passa par la reconstruction de son armée et de son influence. Le plus important pour lui était de garder le contrôle des pays qui entourent la Russie: Biélorussie, Ukraine, pays baltes. La Russie aurait également voulu être le nouvel architecte de la sécurité européenne. Mais les États-Unis se sont opposés à cette volonté russe. L’armée américaine est en effet bien plus puissante que l’armée russe. Et elle dispose de plus de 50000 hommes en Europe.
Le changement Trump
L’élection de Donald Trump a rebattu les cartes. Il ne désire plus que les États-Unis soient le gendarme du monde. Il veut concentrer ses efforts sur l’Amérique et sur la Chine, qui lui paraît bien plus dangereuse que la Russie. Il est furieux contre les pays européens qui ne dépensent pas assez pour leurs armées. Il a donc décidé de négocier directement avec la Russie la paix en Ukraine, sans que cette dernière n’ait son mot à dire. Pour la forcer à accepter cette paix et un accord pour exploiter le sous-sol ukrainien, Donald Trump a suspendu son aide à l’Ukraine. Le président américain a aussi fait comprendre qu’il n’investirait plus d’argent pour défendre l’Europe, qui devait désormais se prendre en main.
Vent de panique
Sortant de leur rêve de paix éternelle sous la protection des États-Unis, les dirigeants européens ont décidé de réagir. Ils doivent en effet accélérer l’aide militaire à l’Ukraine que les USA ne fournissent plus. Ils doivent également reconstruire leur outil militaire le plus vite possible. Mais cela n’est pas si facile, car notre industrie de défense est trop petite pour absorber de grosses commandes. Il faut aussi augmenter les recrutements de militaires. Les effets seront longs à être visibles. En effet, s’il faut deux mois pour produire les 24 canons CAESAR d’un régiment d’artillerie, il faut 20 ans pour forger son colonel.
Mais restons calmes
Si la situation mérite une réponse forte, évitons toutefois de céder à la panique. Premièrement, l’armée russe est très affaiblie par sa guerre en Ukraine. Si elle demeure une menace redoutable, elle devra attendre plusieurs années après la fin des combats en Ukraine pour retrouver son potentiel de combat. Deuxièmement, ceux qui paniquent et dramatisent les choses sont généralement ceux qui niaient le danger il y a 6 mois. Ils ont donc prouvé qu’ils ne sont pas sérieux. Mais, surtout, notre armée a d’excellentes bases. Elle est motivée, bien commandée, et a seulement besoin de vitamines pour retrouver sa vitalité. Selon son ministre, il faut doubler son budget pour qu’elle regagne son poids de forme. Et nous disposons de la bombe atomique pour dissuader la Russie de nous attaquer.
En conclusion, la fin de la protection américaine de l’Europe, au moment où la Russie menace notre sécurité, oblige la France à un sursaut afin de «remuscler» son armée. Le budget devrait donc être augmenté rapidement.
OTAN: Organisation du traité de l’Atlantique nord
L’OTAN a été créée en 1949 pour défendre l’Europe contre l’Union soviétique. Cette alliance militaire défensive regroupe 32 pays européens, plus le Canada, les USA et la Turquie. La France en est un des membres fondateurs. Si un pays est attaqué, les autres s’engagent à aller le défendre.
Julien Magne
Actuailes n°188 - 12 mars 2025
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