Jésus au désert

La vie chrétienne consiste tout simplement à suivre Jésus. Et, en ce début de Carême, il nous mène au désert. 

Le désert est un lieu vide et silencieux, où la voix de Dieu se fait plus facilement entendre. 

Pourquoi le désert?  

C’est pour cela que le Seigneur dit, pensant à chacun de nous: «Je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur» (Os 2, 16). Mais, pour rejoindre Jésus, il n’est pas nécessaire d’aller jusqu’au Sahara. Le désert peut être simplement notre chambre, une église, n’importe quel lieu de recueillement, où l’on pourra passer plus de temps que d’habitude, à prier et méditer, pendant le temps du Carême. 

Le combat au désert 

Néanmoins, nous avons beau nous retirer dans un lieu calme ou au fond de nous-mêmes, nos démons nous poursuivent. Nos «démons», ce sont nos défauts, nos péchés, nos mauvaises habitudes; ces choses qui nous ralentissent dans notre marche avec le Christ. Le Carême est justement l’occasion de nous en débarrasser, pour qu’à Pâques nous soyons comme ressuscités, après être morts à tout ce qui nous empêche de mieux suivre le Christ. Dans le désert, le Seigneur a lui-même fait face au démon. Il ne l’a pas affronté pour lui-même, puisqu’il ne peut pas pécher. Il l’a fait pour nous qui avons besoin d’être encouragés à faire le bien et éviter le mal. En suivant l’exemple du Christ, nous pouvons donc savoir comment être vainqueurs du mal par le bien. 

L’Évangile nous dit que Jésus a été tenté par le diable dans le désert. Celui-ci lui a dit: «Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent du pain.» À quoi le Christ a répondu: «Il est écrit: Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (Mt 4, 3-4). Le diable nous tente souvent par les plaisirs faciles et éphémères, qui suscitent en nous la gourmandise ou la curiosité. Il veut nous préoccuper par mille envies, mille intérêts, qui étoufferont très certainement notre désir de Dieu. Contre cette tentation du diable, la mesure radicale est le jeûne. Il s’agit de diminuer notre désir de certaines choses que l’on aime, comme la bonne nourriture ou les divertissements, pour faire grandir davantage notre désir de Dieu. 

Avec l’exemple et l’enseignement qu’il nous donne, le Seigneur nous procure aussi les forces nécessaires pour le suivre. Mais il veut qu’on les lui demande par la prière. Celle-ci est un dialogue avec Dieu, où nous lui faisons part de notre amour pour lui, et de nos soucis pour nous-mêmes et le prochain. À propos du prochain, il arrive souvent que nous ayons déjà de quoi lui venir en aide. Alors, le Christ nous commande de faire aumône aux pauvres, en disant: «Donnez-leur vous-mêmes à manger» (Lc 9, 13). 

Une phrase de l’Évangile résume bien l’esprit du Carême: «Tout ce que tu as, vends-le, distribue-le aux pauvres; puis viens, suis-moi» (Lc 18, 22). À défaut de pouvoir suivre ce conseil à la lettre, il faut le vivre autant que possible en esprit. 

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Frère André Marie  

Actuailes n°188 - 12 mars 2025