Les 27 jours du Premier ministre!

Sébastien Lecornu a démissionné le 6 octobre, étant ainsi le plus éphémère Premier ministre de la VeRépublique, après 27 jours à son poste.  

Il avait pourtant réussi à former un gouvernement la veille. Mais certains choix de ministres ont fait éclater en quelques heures la coalition qui le soutenait. 

Absence de majorité 

Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, et les élections législatives qui ont suivi, le parti d’Emmanuel Macron ne dispose plus d’une majorité de députés. Il lui est donc très difficile de gouverner. Il doit en permanence trouver des compromis avec sa gauche, le Parti Socialiste, ou sa droite, Les Républicains. Mais, quand il fait des concessions à droite, sa gauche menace de le quitter. Et inversement. C’est la raison pour laquelle trois Premiers ministres se sont succédé, sans succès.  

Sébastien Lecornu 

Il avait relevé le défi suite à la démission de François Bayrou. Mais il a peiné pour trouver des ministres et arraché in extremis dimanche 5 octobre un accord avec sa droite. Un gouvernement a alors été proposé au président, qui l’a validé. Mais en apprenant la liste des ministres, le chef des Républicains, Bruno Retailleau, s’est senti trahi. Sébastien Lecornu n’avait alors d’autre choix que de remettre sa démission au président, estimant qu’il lui était impossible de gouverner dans ces conditions. Emmanuel Macron lui a demandé de poursuivre des négociations afin de trouver un accord avant le mercredi 8 octobre soir.  

La suite 

Si rien n’est impossible, il est peu probable qu’un accord soit trouvé en 48 heures. En cas d’échec, le président de la République a plusieurs choix.  

Il peut nommer un nouveau Premier ministre, mais ce dernier a peu de chances de disposer d’une majorité de députés. Le plus logique serait de décider une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. Il y aurait alors des élections législatives. Mais un parti peut-il obtenir une majorité absolue? Cela sera difficile et nécessitera sûrement des alliances, à droite comme à gauche. Enfin, beaucoup de responsables politiques appellent à la démission du chef de l’État et à une nouvelle élection présidentielle. Mais Emmanuel Macron le refuse catégoriquement. 

Un grand perdant: la France 

Pendant ce temps, la France est à l’arrêt. Les lois ne sont plus votées et les ministres démissionnaires ne s’occupent plus que des affaires courantes. Heureusement, en cas de crise grave, le président est le chef des armées et dispose de beaucoup de pouvoir pour y faire face. Mais c’est une maigre consolation devant ce spectacle qui n’est pas à la hauteur de la grandeur de notre pays, et des défis qu’affrontent les Français et pour lesquels ils demandent des réponses: pouvoir d’achat, dette, insécurité, immigration, système de santé… Notre pays est très affaibli dans le monde, à un moment où il faut au contraire être fort. 

Et si, pour trouver une réponse, il ne fallait pas revenir à l’attitude du général de Gaulle en 1969: «Si je suis désavoué par une majorité d’entre vous, ma tâche de chef de l’État deviendra évidemment impossible et je cesserai aussitôt d’exercer mes fonctions.» Fidèle à sa promesse, il avait démissionné suite à sa défaite électorale. 

Julien Magne

Actuailes n°196 - 8 octobre 2025