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La flotte fantôme russe

07-10-2025 à 12:15:00

Des commandos marine ont récemment arraisonné au large de Saint-Nazaire un navire de la flotte fantôme russe. Pour quels motifs? 

En raison de la guerre en Ukraine, de nombreux pays ont imposé des sanctions à la Russie. Pour les contourner, elle utilise de vieux bateaux pour exporter son pétrole. Et peut-être mener des opérations de sabotage.  

Les sanctions 

Les pays alliés de l’Ukraine ont imposé à la Russie des sanctions financières. Ils espèrent ainsi la forcer à arrêter les combats en raison de problèmes économiques qui ne lui permettraient plus de financer sa guerre. La Russie regorge de matières premières, dont les exportations sont vitales pour acheter des armes et payer les soldes de ses soldats. D’autre part, l’Inde et la Chine ont un besoin crucial du pétrole et du gaz russes, d’autant qu’ils profitent d’un rabais des Russes en raison des sanctions. Mais comment acheminer ce pétrole, alors que les bateaux ne peuvent plus être assurés et que les compagnies maritimes occidentales n’ont plus le droit de faire du commerce avec des sociétés russes? 

La flotte fantôme 

S’inspirant de ce que font des pays comme le Venezuela ou l’Iran, la Russie a acheté des centaines de pétroliers, souvent en mauvais état. Afin de les rendre les plus invisibles possible, elle les immatricule avec un pavillon de complaisance dans un petit pays, cache le nom du propriétaire, ne les assure pas, utilise des marins peu qualifiés et éteint les transpondeurs (moyens technologiques pour suivre les bateaux sur les radars). Et cela fonctionne pour livrer le pétrole. Mais il y a donc de gros risques de marée noire, car certains de ces navires sont à bout de souffle et pourraient couler ou s’échouer, libérant leur pétrole dans la mer.  

Guerre hybride 

Si la Russie ne mène pas une guerre directe contre les alliés de l’Ukraine, elle mène une guerre hybride. Ce type de guerre est plus discret et s’appuie sur des attaques informatiques, des sabotages, le lancement de fausses informations, en particulier sur les réseaux sociaux. Récemment, des survols de drones non identifiés ont paralysé des aéroports, en Allemagne et au Danemark. Et la flotte fantôme est soupçonnée d’y contribuer en lançant des drones ou en faisant racler ses ancres pour arracher les câbles sous-marins.  

Face à cette menace, la réponse peine à s’organiser. Nul doute que la pression sur ces bateaux fantômes s’accentue toutefois dans les prochains mois.  

Le savais-tu? 

Tout bateau doit disposer d’un pavillon national, c’est-à-dire d’un drapeau qui permet d’identifier sa nationalité. Mais pourquoi voit-on si peu de bateaux de commerce arborer le pavillon américain, chinois, français ou britannique? La raison est financière. En arborant un pavillon de complaisance, c’est-à-dire en immatriculant son bateau dans un petit pays avec lequel il n’a pourtant aucun lien, un propriétaire va payer moins d’impôts, n’aura pas à respecter les règles du droit du travail pour son équipage (salaires, vacances, temps de travail) et aura moins de visites de contrôle de ses bateaux. Ainsi 15% des navires arborent le pavillon du Panama ou du Libéria, 13% celui des îles Marshall et 10% celui de Hong Kong. 

Julien Magne

Actuailes n°196 - 8 octobre 2025

 

 


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