Prenons soin de nos aînés

Le 30 septembre dernier, les Petits Frères des Pauvres ont publié leur troisième baromètre d’étude sur l’isolement des plus de soixante ans. Un rapport qui interpelle et appelle à la mobilisation de chacun pour protéger les personnes âgées.  

Le savais-tu? Lorsque l’on prive un nouveau-né d’affection, et même s’il est nourri correctement, celui-ci peut développer rapidement des troubles physiques et psychologiques, voire mourir. L’être humain, dès la naissance, est mû par un puissant besoin affectif, qui n’est pas qu’un instinct de protection ou d’apprentissage, mais aussi un désir vital d’aimer et d’être aimé. L’homme est fondamentalement un être social, toute sa vie s’organise selon une collectivité, et jusqu’à son état de santé peut être influencé par l’affection qu’il reçoit de son entourage.  

Les seniors: de grands oubliés  

Cette inclination naturelle à l’affectivité est une constante à tout âge. Pourtant, on observe que, depuis ces dix dernières années, une partie grandissante de la population française est laissée pour compte : les personnes âgées. C’est ce que révèle la publication du troisième baromètre des Petits Frères des Pauvres, «Solitude et isolement quand on a plus de 60 ans». Cette étude dénonce la dégradation des conditions de vie des seniors en France, et pointe en particulier du doigt leur isolement. 

Engagée depuis 80 ans dans la protection et l’accompagnement de nos aînés, l’association des Petits Frères des Pauvres parle, dans certains cas, de «mort sociale». Une expression volontairement alarmiste désignant quelqu’un qui ne voit personne, ou quasiment pas. Selon le baromètre, cette situation concerne plus de 750000 personnes en 2025, ce qui représente une augmentation de 150% par rapport à 2017. Des chiffres qui risquent de s’aggraver avec le vieillissement général de la population. Si rien n’est fait, l’association estime que le nombre de personnes âgées en état de «mort sociale» pourrait atteindre le million d’ici 2030! 

Un isolement facilement évitable 

D’autres chiffres de ce rapport sont édifiants, et appellent à plus de délicatesse et d’attention envers les seniors. Sur les 17 millions de retraités que compte notre pays, 2 millions sont isolés de leur cercle familial, 5,7 millions disent n’avoir personne à qui se confier, et 9 millions ne sortent pas de chez eux tous les jours. Les Petits Frères des Pauvres mettent en cause un délitement grandissant des liens familiaux, ainsi qu’une glorification de la figure du jeune dans nos sociétés contemporaines, au détriment de la vieillesse qui, elle, est fuie et cachée.  

Pour éviter l’isolement généralisé, l’association propose des mesures simples et concrètes, à commencer par la mobilisation de tous pour repérer et prévenir l’isolement des plus âgés. Les plus jeunes sont tout autant concernés, et il est possible de s’engager de beaucoup de manières. Tout d’abord en gardant un contact fréquent avec tes grands-parents, puis en visitant ces personnes, que ce soit dans des EHPAD, ou simplement un voisin. Tu peux même proposer ce genre d’initiative à des amis, voire à l’un de tes professeurs. 

Briac Saint Loubert

Actuailes n°196 - 8 octobre 2025