En s’incarnant, Dieu a pris sur lui tout ce qu’il y a d’humain, à l’exception du péché.
Il s’est fait «semblable aux hommes, nous dit saint Paul, reconnu homme à son aspect» (Ph 2, 7), pour être le miroir réformant de l’homme dans sa totalité. Nous sommes des êtres faibles et limités.
Dieu a un faible pour l’homme
Le roi David s’exclamait ainsi: «Qu’est-ce que l’homme, pour que tu le connaisses, Seigneur, le fils d’un homme, pour que tu comptes avec lui? L’homme est semblable à un souffle, ses jours sont une ombre qui passe» (Ps 143, 3-4). On pouvait donc s’attendre à ce que Dieu, en s’incarnant, se fasse un superhomme; c’est-à-dire un homme qui n’a pas nos faiblesses physiques et nos sentiments. Pourtant, le Christ a voulu être sensible et vulnérable, par son corps et par son âme.
«Touché coulé»?
Selon les philosophes antiques (de Grèce et d’Extrême-Orient), l’homme doit se libérer de ses passions, car celles-ci troublent son esprit. Mais, par l’exemple de sa vie, le Christ nous enseigne que les passions peuvent être bonnes. Elles font partie de l’être humain. Il ne faut pas forcément les rejeter.
La joie est évidemment bonne. C’est pourquoi le Christ s’est réjoui de participer aux noces de Cana (cf. Jn 2, 1-11). Si le Christ s’est réjoui du bonheur des autres, il s’est attristé du malheur des foules qu’il voyait comme des troupeaux de brebis sans berger (cf. Mt 9, 36). L’Évangile nous le montre aussi en train de déplorer la catastrophe qui guette Jérusalem (cf. Lc 19, 41-44). On le voit encore pleurer la mort de Lazare (cf. Jn 11, 35), témoignant ainsi de l’affection qu’il avait pour lui.
Ce qui peut surprendre, c’est que le Christ se soit mis en colère contre la dureté de cœur des pharisiens (cf. Mc 3, 5), ou encore contre la cupidité des marchands qu’il a fait sortir du Temple (cf. Mt 21, 12). La colère est justifiée, quand elle est une réaction maîtrisée contre un mal très grave.
Enfin, le Christ a même ressenti la peur à Gethsémani (cf. Mt 26, 37), alors qu’il se préparait à subir la souffrance et la mort sur la croix. Là encore, il est normal de ressentir la peur face au danger. Cependant, il ne faut pas se laisser vaincre par elle, mais la surmonter par le courage, en désirant le bien plus qu’on ne redoute le mal. C’est ainsi que Jésus a surmonté l’épreuve de la mort.
Si le Christ est passé par toutes ces émotions de joie, de peine, de colère, de crainte, c’est pour nous aimer d’un cœur de chair qui se laisse toucher par nos besoins et nos misères. C’est aussi une invitation pour chacun de nous, à chaque âge de la vie, à contempler concrètement la beauté du mystère de l’incarnation en voyant la beauté de notre corps et de nos facultés humaines… et aussi en acceptant leurs limites paisiblement, puisque Dieu lui-même a choisi de prendre chair!
Frère André Marie
Actuailes n°196 - 8 octobre 2025
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