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Oman entre chagrin et tribulations ?

Oman entre chagrin et tribulations ?

29-01-2020 à 06:22:15

Au sultanat d’Oman, le sultan Qaboos bin Said al-Said est mort le 10 janvier 2020, à presque quatre-vingt ans et dans la cinquantième année de son règne.

Atteint d’un cancer, le monarque au règne le plus long de la péninsule arabique montrait depuis quatre longues années de nombreux signes d’affaiblissement. N’ayant pas ouvertement désigné d’héritier, l’incertitude la plus grande, doublée d’une certaine inquiétude, régnait quant à l’avenir de ce pays à la position stratégique. L’avènement de son cousin, Sayed Haithman ben Tarek al-Saïd (soixante-cinq ans) est plutôt rassurant, mais cela suffira-t-il à conserver la stabilité et la neutralité de ce pays ?

 Maladie du roi, maladie de l’État ?

Très centralisé autour d’un sultan éclairé mais au gouvernement sans faiblesse, le système omanais a semblé perdre de son dynamisme au fur et à mesure que Qaboos al-Said déclinait. Comme des symptômes additionnels à la maladie du monarque, les tensions économiques, la dette extérieure et le chômage des jeunes ont commencé à ronger quelque peu le fonctionnement bien réglé en apparence de ce pays singulier. Cette atmosphère nouvelle ne manquait pas de faire resurgir les vieux démons d’une nation composite que le régime mainte-nait unie. La fragilité née des affrontements du passé entre tribus et cités, entre côte et intérieur des terres, redevenait perceptible.

Pour faire face aux défis du moment, Mascate (capitale d’Oman) met en œuvre un comité « Vision 2040 », ambitieux plan de réforme socio-économique consistant à sortir de la dépendance du pétrole et du gaz à l’heure des grandes transitions (énergétique, environnementale ou numérique) en donnant un rôle central au secteur privé local et aux investisseurs étrangers dans une économie nationale jusque-là dirigée par l’État. Pour mener cette réforme, le cousin du sultan avait été choisi : Haithman ben Tarek, diplômé d’Oxford, grand amateur de football, apprécié de la jeunesse omanaise et ministre du Patrimoine et de la Culture en exercice depuis presque vingt ans après avoir été diplomate.

Une succession rassurante

Dès l’annonce du décès, c’est ce même Haithman ben Tarek qui était désigné à sa succession par décision du Conseil de la famille royale et sur la base d’une lettre de dernières volontés laissée par le sultan défunt au Haut Conseil militaire. Dans la crainte d’interférences étrangères, cette unité autour d’une désignation souveraine était de nature à rassurer le peuple omanais autant que les observateurs.

Un héritage à maintenir aussi au plan extérieur

Comme nous l’avons décrit lors d’un récent article du « Moucharabieh » (cf. n° 101), entre-tenant un dialogue confiant avec l’ensemble des acteurs régionaux (au Yémen, en Syrie, entre Américains et Iraniens…), Mascate jouait un rôle de médiateur précieux depuis de nombreuses années, lui valant le qualificatif de « Suisse du Golfe ». Pour le bien de la région, nombreux sont les observateurs qui affirment qu’il est crucial que les fondamentaux de politique étrangère de cet État – neutralité, ouverture, facilitation – survivent à la disparition du sultan Qaboos. Le sachant, cela a été affirmé par le nouveau sultan dès les premières lignes de son discours d’intronisation.

Croisons les doigts pour que cela puisse être le cas, alors que la question de la nécessité d’une réforme politique ne manquera probablement pas de se poser un jour ou l’autre…

Abu Nuwas

 Actuailes n° 110 – 29 janvier 2020


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