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Mise au point des vaccins

14-10-2020 à 05:46:35

Difficile d’échapper au coronavirus tant il fait la une de l’actualité. Dans les numéros précédents, tu en as appris davantage sur ce qu’est un virus (n° 119) et sur les nouvelles mesures de lutte contre sa transmission (n° 120). Tout le monde reste suspendu à l’espoir de trouver rapidement un moyen efficace de lutter contre lui, soit par un traitement, soit par un vaccin. Mais pourquoi produire un vaccin prend-il autant de temps ?

Tout nouveau vaccin doit suivre un pro-cessus de mise au point assez long, car il faut s’assurer de son efficacité (il faut qu’il permette réellement de combattre la maladie) et de son innocuité1 (il ne faut pas qu’il cause d’autres problèmes de santé).

Lorsque notre corps est soumis à un virus « pathogène »2, il lui faut du temps pour réagir et fabriquer des défenses pour combattre ce virus. Le principe du vaccin est de provoquer la fabrication de ces défenses avant que nous ne rencontrions ce virus. Ainsi, si jamais nous y sommes exposés, notre corps disposera déjà des armes adéquates pour se débarrasser de l’intrus avant que celui-ci n’ait le temps de se multiplier et de trop nous affaiblir.

Mais comment notre corps peut-il fabriquer des défenses contre un danger jamais vu ? La première technique consiste à nous administrer, lorsque nous sommes en bonne santé, le virus ciblé, mais affaibli. L’avantage de cette approche est que nous sommes en contact avec la vraie menace. Le fait que le virus soit moins virulent laisse au corps le temps nécessaire pour s’adapter et préparer ses défenses.

La deuxième technique consiste à fabriquer un morceau du virus contre lequel on veut entraîner le corps à se défendre. La première difficulté consiste à bien identifier les éléments que l’on veut reproduire (par exemple dans le cas d’un coronavirus, on peut reproduire des pics de sa couronne, que le corps pourra reconnaître ensuite). Ensuite, il faut faire comprendre au corps qu’il y a un danger, puisqu’on s’appuie sur un morceau devenu inoffensif, ce que l’on fait en ajoutant un adjuvant, qui est un produit chimique destiné à entraîner une inflammation : le corps comprendra qu’il est attaqué, mais c’est le virus qu’il identifiera comme la cause de cette attaque.

Il reste maintenant à contrôler l’absence de toxicité de notre vaccin, c’est-à-dire vérifier qu’il ne présente pas de danger pour nous… Pour cela, après avoir effectué des tests sur des animaux, le fabricant doit demander l’autorisation de lancer un essai clinique, qui se déroule en trois phases :

– La 1re phase, sur moins de cent personnes, permet d’étudier la tolérance d’adultes en bonne santé et la réaction de leur système immunitaire. Elle permet de tester différentes formules et dosages.

– La 2e, sur moins de cinq cents personnes, teste la formule et le dosage définitifs, en incluant une population plus variée (par exemple enfants, personnes âgées, personnes ayant un souci de santé particulier).

– La 3e, dite des essais comparatifs, est très importante car elle permet de valider la tolérance à grande échelle, en incluant jusqu’à plusieurs milliers de personnes. Elles permettent notamment de comparer le vaccin à un placebo (c’est-à-dire un produit qui n’a aucune action). Si le groupe ayant reçu le vaccin est mieux protégé que celui ayant reçu le placebo, on a la preuve de l’efficacité. Si les personnes vaccinées n’ont pas d’effets secondaires graves, on peut également avoir confiance en son innocuité. C’est pour cela que lorsqu’une personne présente des symptômes préoccupants lors d’un essai clinique, le fabricant peut être amené à arrêter tous les tests, pour vérifier si ces soucis sont liés au vaccin ou à autre chose.

Tout cela prend du temps, jusqu’à plusieurs années ! Cependant notre expérience de la grippe et notre maîtrise des différentes techniques permettent d’avancer à marche forcée : on comptait fin juillet vingt-six « candidats vaccins » contre la covid-19, dont cinq en phase 3…

1. Le contraire de la toxicité : ce qui n’est pas nocif pour notre organisme.

2. Qui entraîne des maladies.

R.-J. QuatreJas

Actuailes n°121 - 14 octobre 2020


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