Depuis la réélection d’Emmanuel Macron, la France semble tourner au ralenti.
Le second tour des législatives va mettre fin à cette période d’attente, car les défis ne manquent pas. Nous avons identifié douze chantiers principaux.
Le pouvoir d’achat
La hausse du prix des matières premières, en particulier le pétrole et le gaz, baisse le pouvoir d’achat des Français. De plus, l’inflation fait monter les prix sans que les salaires augmentent. Finalement, avec le même salaire, les Français peuvent acheter moins de choses. Le gouvernement va donc devoir agir, sinon il risque d’affronter une nouvelle vague de colère populaire comme celle des Gilets jaunes.
La dette
Depuis de nombreuses années, l’État français vit au-dessus de ses moyens. Il dépense largement plus que ce que les impôts lui rapportent. Il a accumulé une dette de 2 800 milliards d’euros que vos jeunes générations auront à rembourser. Jusqu’à présent, il y avait beaucoup d’argent disponible et peu d’inflation. Emprunter était donc facile et pas cher. Mais les taux d’intérêt – le pourcentage que l’on doit donner à son prêteur – ont remonté. Il va donc falloir moins dépenser ou augmenter les impôts. La majorité des dépenses étant liées à l’aide sociale, les décisions vont être douloureuses.
Quant aux impôts, nous sommes déjà les champions du monde de la catégorie. Le plus embêtant est que des villes – comme Paris – ou des collectivités locales sont également très endettées.
Le krach financier
La bourse n’aime pas l’incertitude. Malheureusement, la guerre en Ukraine s’éternise et ouvre une période de troubles, peu propice aux échanges économiques. Les bourses pourraient donc connaître de fortes turbulences. De plus, il est possible que l’immobilier baisse fortement, car il est désormais plus coûteux d’emprunter pour acheter sa maison. Enfin, on peut craindre une crise de la dette pour les pays et les États les plus faibles. Le gouvernement va donc devoir agir pour éviter, au mieux, ou limiter, au moins, un potentiel krach financier.
La sécurité
L’insécurité explose sans que l’État semble réellement s’y attaquer. Les incidents très graves survenus récemment au Stade de France ont souligné l’absence de prise en compte du problème par le gouvernement. Ce dernier a préféré accuser les supporters anglais, alors qu’ils étaient les principales victimes des bandes de migrants mineurs et de jeunes des cités environnantes qui ont semé le chaos ce soir de finale de la Ligue des champions.
Outre l’image déplorable donnée à l’étranger, ces incidents inquiètent en prévision des Jeux olympiques de 2024, qui auront lieu pour une bonne part en Seine-Saint-Denis. Le gouvernement doit donc rétablir l’ordre avant que la situation ne devienne ingérable.
La justice
Les tribunaux sont aujourd’hui débordés et le nombre de places en prison est largement insuffisant. De plus, la défiance s’est installée entre policiers et juges, que les premiers considèrent comme trop indulgents envers les délinquants. Le problème de sécurité que connaît notre pays ne pourra trouver de solution sans une réforme de la justice, ce qui nécessitera des moyens financiers et surtout beaucoup de courage politique.
La défense
La guerre en Ukraine nous rappelle qu’une armée forte est le meilleur moyen de garantir la paix. La France n’a cessé de baisser son budget militaire depuis trente ans, comme ses voisins européens. Notre armée est aujourd’hui très faible, avec seulement 77 000 combattants pour l’armée de Terre, des matériels en faible quantité, dont beaucoup sont de surcroît en panne, faute de budget d’entretien.
Les Allemands ont décidé d’investir 100 milliards pour leur défense. La France va-t-elle suivre ?
L’international
La guerre entre l’Ukraine et la Russie aura des conséquences très fortes sur les relations entre pays. En effet, ce retour de la guerre vient fermer une parenthèse qui voulait que la négociation prévale sur la guerre, et qui pensait que le développement économique était synonyme de paix. Les points chauds ne manquent pas : Europe de l’Est, Afrique, Moyen-Orient ou encore Asie avec Taïwan. La hausse du prix des céréales pourrait déstabiliser de nombreux États confrontés à des émeutes de la faim. Quelle sera la place de la France dans le nouvel échiquier mondial ?
La transition écologique
La France s’est engagée dans une évolution visant à faire baisser la pollution. Il s’agit en particulier de développer les énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire. Toutefois, ce virage aura un coût très important que les Français n’ont pas encore identifié. La pédagogie sera-t-elle suffisante pour gagner l’adhésion des Français ?
Le développement des territoires
La France est aujourd’hui coupée entre des métropoles qui bénéficient d’une forte croissance de richesse, comme Paris, Lyon ou Bordeaux, et des campagnes qui souffrent d’un déclassement économique.Dans un impératif de justice, l’État doit rétablir la qualité des services publics dans les territoires éloignés des métropoles.
La santé
Notre système de santé est aujourd’hui au bord de l’implosion. La qualité des soins ne cesse de baisser, car l’hôpital est en crise et le nombre de médecins insuffisant. De nombreux services d’urgence sont fermés la nuit et des opérations sont déprogrammées. Pour l’hôpital, cette situation est due à des coupes budgétaires qui ont conduit à fermer de nombreux lits, à une désaffection pour les métiers de santé qui conduit au sous-effectif, que l’exclusion des soignants non vaccinés en pleine crise sanitaire a empiré. Ce dossier est particulièrement urgent et ne pourra être évité comme ces dernières années.
L’école
L’école française, autrefois considérée comme un modèle par nos voisins, est en crise en dépit d’un budget conséquent. Le niveau des écoliers s’écroule et le métier d’enseignant ne fait plus recette. C’est particulièrement inquiétant, car c’est à l’école que se bâtit, avec les familles, l’avenir d’un pays. Le président semble en avoir conscience, vu l’intérêt qu’il porte aux écoles du futur, actuellement expérimentées à Marseille (voir Actuailes n° 148). Il ne s’agit donc pas uniquement de moyens financiers supplémentaires, mais bien de repenser nos méthodes d’apprentissage. Le gouvernement aura-t-il le courage de s’atteler à ce chantier qui devrait rencontrer une forte opposition des syndicats ?
Les retraites
Le précédent gouvernement n’avait pas mené à bien la réforme des retraites, face à des Français qui la jugeaient injuste et confuse. Considérant que le système actuel est à bout de souffle, en raison de l’allongement de l’espérance de vie des Français, qu’une faible natalité ne vient pas compenser, le président Macron souhaite relancer le débat. Il avancera toutefois sur un terrain très difficile, en particulier dans les classes populaires qui considèrent qu’il est « le président des riches ».
André Lefort
Actuailes n°149 - 22 juin 2022
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