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Le pied-bot – José de Ribera (1591-1652)

09-12-2024 à 11:17:00

Un jeune garçon, souffrant d’une infirmité, tourne vers nous un visage souriant, nous invitant à le regarder comme n’importe quel enfant.  

Un portrait plein de dignité 

Cet enfant est pauvre, très pauvre même, puisqu’il est contraint de mendier pour vivre. Ce portrait n’a rien d’idéal, il est très réaliste, témoin d’une triste situation.  

La feuille qu’il tient en est la preuve, c’est un appel à la charité, puisqu’y est inscrite en capitales la phrase: «DA MIHI ELIMO / SINAM PROPTER / AMOREM DEI», ce qui signifie: «Donnez-moi l’aumône, pour l’amour de Dieu.» Les deux lettre AM d’AMOREM sont cachées par son pouce.  

Ses vêtements mal cousus (regarde le bas des manches), décousus à l’épaule, sont le signe de son état, tandis qu’il marche pieds nus, une large besace sous le bras.  

Il est pauvre, mais il est joyeux, le visage rieur, une petite fossette sur la joue. On imagine son caractère malicieux.  

Portant sa béquille sur l’épaule, l’enfant nous regarde droit dans les yeux. Le spectateur ne peut pas faire comme s’il ne l’avait pas vu. 

Un certain optimisme 

Il marche dans un paysage de collines, sous un ciel largement couvert de nuages, mais la partie bleue, dans la lumière, donne un caractère optimiste à la scène. La perspective nous permet de voir très loin, les sommets les plus éloignés sont plus clairs pour rendre cette impression. 

Une œuvre d’art peut nous apprendre beaucoup de l’époque et de la civilisation qui l’ont vu naître. Les artistes imprègnent souvent leur art des valeurs les plus importantes de leur époque. Ce portrait reflète la dignité de cet enfant, quelle que soit son infortune. Le peintre le respecte infiniment. Il nous rappelle ainsi que les pauvres et les malheureux sont les enfants de Dieu, et qu’ils ont leur place, en particulier dans l’art.  

Le Petit Palais présente la première rétrospective française jamais consacrée à José de Ribera (ou Jusepe Ribera, selon la dénomination italienne). Une centaine d’œuvre nous font découvrir cet artiste espagnol, surnommé «L’Espagnolet». 

L’artiste a surtout vécu à Naples (alors sous domination espagnole, l’Italie unifiée n’existait pas encore) et Rome. Il a été très inspiré par Le Caravage (tu peux retrouver deux de ses œuvres dans la rubrique «Apprendre à voir» des numéros 88 et 182 d’Actuailes), reprenant souvent ses fonds sombres, ses forts contrastes de clair-obscur et ses personnages venus de la rue.  

Jusqu’au 23 février 2025 

Sophie Roubertie

Actuailes n°184 - 11 décembre 2024


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