Les nouveaux équilibres politiques en Israël n’ont pas écarté les velléités d’annexion unilatérale de territoires palestiniens occupés, menaçant directement le fragile royaume de Jordanie.
Un gouvernement de coalition à Tel Aviv
Au terme d’une longue crise politique intérieure dont nous avons suivi les évolutions1, c’est un gouvernement d’union qui prendra la tête du pays. L’accord entre Benny Gantz, leader de l’opposition de centre droit, et Benjamin Netanyahou, Premier ministre sortant, a été officialisé le 20 avril et ouvert au Parti travailliste peu après. Désormais, les décisions seront prises au sein d’une coalition de circonstances. De quoi laisser espérer des positions moins radicales. Ceci étant, ce nouvel équilibre est fragile et comporte encore des risques, spécialement sur la question de l’annexion de territoires palestiniens occupés par l’armée israélienne.
Des relations étroites et absolument vitales
D’un côté, les Palestiniens sont si nombreux et influents en Jordanie que la vie politique et sociale du pays en dépend. Moralement comme politiquement, le roi Abdallah II ne peut pas admettre une annexion de la vallée du Jourdain. D’un autre côté, les liens entre l’État juif et la Jordanie, fondés sur un traité de paix définissant les frontières communes, sont étroits aux plans sécuritaire (lutte active contre le terrorisme) et énergétique (accord gazier de Wasi Araba), sans parler de l’absolue nécessité d’entretenir l’aide financière américaine.
Quelle marge de manoeuvre pour la Jordanie ?
La marge de manoeuvre est forcément étroite tant le royaume hachémite est fragile. La planche de salut devrait se trouver dans une prise d’initiative diplomatique en recherchant les soutiens des partenaires arabes et européens, mais aussi des nouveaux membres du gouvernement israélien dont plusieurs sont d’anciens militaires ayant l’habitude de travailler avec leurs alter ego jordaniens.
Si la décision d’annexion était mise en oeuvre, le royaume n’aurait d’autre choix que de suivre la rue palestinienne, que les réactions soient purement de façade sous la contrainte, ou qu’elles soient violentes et génératrices de troubles remettant en cause les importantes coopérations en cours.
Du côté du royaume hachémite, les gains politiques et sociaux de la très bonne gestion de la récente crise épidémique ne masqueront pas longtemps de si grands risques. Le calme avant la tempête ?
1. Cf. Actuailes nos 107 de novembre 2019 et 111 de février 2020.
Actuailes n° 116 - 20 mai 2020
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