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France-États-Unis : les sous-marins de la discorde

France-États-Unis : les sous-marins de la discorde

28-09-2021 à 20:15:00

La France a signé un partenariat stratégique majeur avec l’Australie en 2016 et lui a vendu des sous-marins. Mais l’annonce d’une alliance conclue entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis a tout fait voler en éclats : confiance entre partenaires, contrat économique, stratégie dans le Pacifique, etc.

La zone indo-pacifique1 a pris un caractère stratégique de premier plan sous l’effet du développement de la Chine et de l’importance des échanges commerciaux maritimes. Conscients de ces évolutions et de la menace qu’elles représentent pour leur suprématie, les États-Unis ont entamé dans la dernière décennie un « pivot vers l’Asie ». La France n’est pas en reste et veut compter dans la zone indo-pacifique au nom de ses régions ou départements d’outre-mer. Elle a ainsi signé, en 2016, le « contrat du siècle » avec l’Australie pour protéger nos intérêts communs, en s’engageant à lui vendre douze sous-marins conventionnels (c’est-à-dire fonctionnant à l’énergie diesel et non pas nucléaire). Ce marché s’accompagnait de transfert de technologies et de création d’emplois, renforçant les liens entre nos deux pays et confortant notre place dans l’espace indo-pacifique.

Le 15 septembre, l’annonce du nouveau partenariat AUKUS a ébranlé nos certitudes et les efforts consentis depuis cinq ans. L’Australie rompt les accords précédents et achètera finalement des sous-
marins à propulsion nucléaire aux États-Unis. Cette décision, forcément mûrie depuis plusieurs mois (voire années), résulte d’échanges secrets dont les Français ont été exclus. Notre ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a dénoncé un « coup de poignard dans le dos », signifiant ainsi que ce genre de comportement n’était pas acceptable entre alliés. Afin de bien signifier notre courroux auprès des États-Unis et de l’Australie, le président a rappelé nos ambassadeurs pour consultation.

De ces événements, nous pouvons tirer quatre conclusions :

1. En matière de relations internationales, les nations n’ont pas d’amis, elles n’ont que des intérêts. Les jeux d’alliance dépendent toujours des circonstances.

2. L’Australie, qui est un « jeune pays », a préféré la sécurité de la protection américaine à la souveraineté de sa défense nationale. Cela en dit long sur leur perception de la « menace » chinoise.

3. C’est la première fois qu’une puissance nucléaire exporte un sous-marin à propulsion nucléaire. Cela pourrait entraîner d’autres pays plus décomplexés dans une nouvelle course à l’armement dangereuse pour l’équilibre du monde.

4. Dans la compétition entre la Chine et les États-Unis reste-t-il de la place pour une troisième voie d’équilibre, celle que prône la France ? Saurons-nous trouver des partenaires qui se laisseront convaincre par notre vision ? 

AUKUS : Kesako ?

L’AUKUS désigne un pacte
de sécurité dans le Pacifique entre Australie, Royaume-Uni et États-Unis. Le nom choisi reprend
les premières lettres des pays
(en anglais).

Qu’est-ce que la grammaire diplomatique ?

Il existe des façons particulières de communiquer entre pays pour signifier notre amitié (invitation à des événements majeurs) ou notre colère (rappel des diplomates, fermeture des ambassades…). Cette palette de possibilités constitue un langage qui permet aux pays de se passer des messages au vu de tous.

1. Les territoires français dans la zone indo-pacifique : Wallis-et-Futuna, Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, La Réunion, Mayotte.

Alexandre Thellier

Actuailes n°135 - 29 septembre 2021

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