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Guerre en Ukraine - réaction européenne au conflit

Guerre en Ukraine - réaction européenne au conflit

08-03-2022 à 15:59:00

Dix jours après le début de l’offensive russe en Ukraine, la réaction des autres pays européens peut se résumer selon plusieurs axes.

Aucun pays ne veut intervenir militairement, puisqu’une confrontation directe avec la Russie aurait toutes les chances de finir en guerre nucléaire. Mais surtout, aucun n’en aurait les capacités. En effet, depuis quarante ans, les armées des pays d’Europe ont subi des coupes drastiques.

Seule l’armée française dispose encore d’un outil opérationnel efficace, mais d’une taille très modeste et déjà à la limite de ses capacités avec ses engagements africains. De son côté, l’armée allemande est devenue symbolique, tandis que les Britanniques, s’ils ont conservé une capacité de projection maritime grâce à leurs porte-avions, n’ont plus d’armée de terre au-delà de quelques unités commandos.

C’est pourquoi les pays de l’UE se contentent de suivre les États-Unis dans leur stratégie en cinq axes. Tout d’abord, mobiliser les opinions publiques intérieures par d’intenses campagnes de propagande et de contre-propagande médiatiques. L’idée est de persuader l’opinion qu’il s’agit d’un combat du Bien contre le Mal, de la démocratie contre la
dictature, des droits de l’Homme contre l’obscurantisme. En censurant l’accès aux médias adverses comme la chaîne publique russe RT et en encourageant les manifestations de soutien à l’Ukraine, les pays
d’Europe imposent une vision unique du conflit et s’assurent de leur cohésion intérieure.

Puis, ils inondent d’armes et de matériels le théâtre des opérations ukrainien pour enliser l’action russe dans une guerre longue « par procuration ». Il s’agit de transformer un conflit militaire en une guérilla impliquant les civils, comme ce fut le cas en Afghanistan ou dans les Balkans. C’est pourquoi l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne, la Finlande, l’Italie et la Belgique vont livrer des milliers de missiles sol-air, des missiles antichars, des armes lourdes et des armements individuels en Ukraine, tandis que la Pologne veut livrer certains de ses avions de chasse que sauraient utiliser les pilotes ukrainiens. En parallèle, de nombreux pays favorisent la constitution de milices de volontaires internationaux pour rejoindre la zone des combats.

De même, les États-Unis et les pays d’Europe occidentale tentent de créer les conditions d’un coup d’État en Russie pour renverser le président Vladimir Poutine. Pour cela, ils confisquent les patrimoines des milliardaires russes à l’Ouest (villas, entreprises, yachts, etc.) et bloquent l’activité des banquiers russes, espérant que ces hommes puissants se retourneront contre leur gouvernement. La Commission européenne a décrété des embargos sur les exportations de matériel technologique vers la Russie et incite les entreprises occidentales à quitter le marché russe (BMW, Mercedes et d’innombrables autres grandes marques). Ils comptent ainsi pousser le peuple russe à la révolte à cause des pénuries de produits occidentaux et d’une crise économique à venir.

Quatrième axe, les pays de l’UE obéissent aux injonctions américaines de ne plus acheter de gaz ni de matières premières russes (notamment blé et aluminium). Les lecteurs d’Actuailes se souviennent que l’Allemagne vient tout juste de finaliser NordStream21, un gazoduc majeur avec la Russie, que les États-Unis ont tenté de faire échouer par tous les moyens depuis plusieurs années. À cause de la situation ukrainienne, l’Allemagne vient d’annoncer qu’elle bloquait finalement le gazoduc. Heureux hasard, les États-Unis se sont déclarés prêts à lui vendre du gaz de schiste – bien que ce type d’exploitation soit interdit dans plusieurs pays d’Europe, car trop polluant. Par ailleurs, l’UE se fournira auprès de l’Algérie et du Qatar, même si ces pays ne sont pas des modèles de démocratie.

Enfin, la plupart des pays d’Europe se réfugient derrière le bouclier militaire américain. L’Allemagne annonce qu’elle va doubler son budget militaire (principalement pour acheter des F35 américains), la Pologne va également racheter des avions et des chars américains. Même les pays historiquement neutres comme la Suède, l’Irlande, l’Autriche ou la Finlande réfléchissent à rejoindre le parapluie américain dans l’OTAN. Sans surprise, les actions des géants américains de l’armement comme Raytheon Technologies, General Dynamics, Lockheed Martin et Northrop Grumman sont en forte hausse à Wall Street depuis le début de l’opération russe.

Ce « grand jeu » géostratégique ne doit pas faire oublier le sort des civils ukrainiens confrontés aux combats. Les deux armées semblent vouloir éviter au maximum les pertes civiles et signent des cessez-le-feu pour les évacuer des zones de guerre. Mais plus d’un million d’Ukrainiens ont néanmoins quitté leur pays depuis dix jours pour se rendre en Pologne et en Roumanie, puis vers l’Allemagne et le reste de l’Europe. 

1. Cf. Actuailes nos 127 et 134.

Siegfried

Actuailes n°143 - 9 mars 2022


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