Assassinat ciblé d’un haut gradé en Iran : Israël est sur le banc des accusés.
Les négociations pour un accord sur le nucléaire iranien sont au point mort.
Fin mai, le colonel iranien Hassan Sayyad Khodayari a été tué à bout portant à Téhéran par des hommes à moto. Il appartenait à la force al-Qods, l’unité d’élite des Gardiens de la révolution, le bras armé de la politique étrangère de la république islamique d’Iran.
Israël, ennemi juré de l’Iran, a, selon le New York Times, revendiqué ce meurtre auprès de Washington. Selon les propos confiés aux Américains par un responsable israélien, ce meurtre constitue un avertissement pour que l’Iran mette fin aux opérations d’une « unité secrète », au sein de la force al-Qods, chargée de la « planification d’enlèvement d’étrangers, y compris des Israéliens ».
L’Iran a pour sa part dénoncé les actions des « sionistes ». Les sionistes sont les juifs qui souhaitaient faire d’Israël le foyer des juifs. Avec la création d’Israël après la Deuxième Guerre mondiale, ce terme a progressivement disparu du vocabulaire, sauf chez les Arabes qui appellent ainsi les Juifs pour souligner que les Israéliens ont conquis leur terre en expulsant les Arabes qui y vivaient.
Si ce meurtre reprend la méthode bien rodée des assassinats politiques, seule la cible change. Les précédentes attaques visaient surtout le programme nucléaire iranien, soit par l’assassinat de scientifiques ou d’ingénieurs, soit par la destruction d’infrastructures. En janvier 2020, le chef de la force al-Qods, le général Kassem Soleimani, avait été frappé par un drone américain à Bagdad.
Alors, comment interpréter l’assassinat de cet officier ? Est-ce une manière pour l’État hébreu de pointer du doigt les actions déstabilisatrices de la république islamique ? Ou de provoquer l’Iran et de le forcer à répliquer pour mettre en péril le deal sur le nucléaire auquel Israël est opposé ? En effet, cette attaque intervient à un moment où les pourparlers indirects sur le nucléaire sont au point mort depuis mars et butent sur un point précis. Outre la levée des sanctions, Téhéran tente d’élargir les domaines de négociation et exige des États-Unis qu’ils retirent les Gardiens de la révolution de leur liste d’organisations terroristes. Or Israël tient une ligne dure et ne souhaite aucun compromis sur la lutte contre les milices régionales soutenues par Téhéran qui lui sont hostiles.
De leur côté, Washington, Moscou, Pékin, Paris et Berlin courent contre la montre pour parvenir à un accord, alors que les stocks d’uranium enrichi accumulés par Téhéran ne cessent de s’accroître et le rapprochent toujours davantage de la possession de la bombe atomique.
Le savais-tu ?
L’Iran ne reconnaît pas l’existence de l’État d’Israël et ses liens diplomatiques avec Washington sont rompus depuis 1980, un an après la révolution ayant donné naissance à la république islamique.
Pour approfondir le sujet, retrouvez les articles :
•Alerte atomique en Iran (Actuailes n° 64)
•États-Unis vs Iran : la guerre économique bat son plein (Actuailes n° 89)
•Un accord nucléaire avec l’Iran ? (Actuailes n° 144)
Nour
Actuailes n° 148 - 8 juin 2022
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