En 1623, Louis XIII choisit Versailles pour y bâtir un relais de chasse, puis un château, avant que Louis XIV n’en fasse le majestueux palais que l’on connaît aujourd’hui.
Connu dans le monde entier, et visité chaque année par plus de de 7 millions de touristes, Versailles a souvent été copié, mais jamais égalé. Symbole de la grandeur de la France et de son roi, le château eut une histoire mouvementée, alternant le faste de la monarchie et les rigueurs de la révolution, avant de connaître le renouveau que nous constatons aujourd’hui.
Les modestes débuts
Henri IV appréciait les forêts giboyeuses de Versailles, modeste hameau à cette époque, isolé au milieu de marais. Mais c’est son fils Louis XIII qui y construisit un relais de chasse, dont il prit possession en 1623, il y a donc 400 ans. Un château lui succéda quelques années plus tard, où le futur Louis XIV vint dormir quelques nuits. Le «Roi Soleil» investit le château en 1661 pour le transformer en symbole de sa puissance et du génie français.
Construction d’un mythe
Après quelques modifications mineures, la construction du château actuel débute vraiment en 1664. Il est l’objet de vives critiques des courtisans en raison de son emplacement, jugé ingrat. À cette époque, Versailles ne sert qu’à donner des fêtes dans les jardins. Le Louvre, à Paris, reste la résidence royale.
Le roi confie à l’architecte Le Vau la tâche d’agrandir le château. En 1665, les premières statues sont installées dans les jardins, et en 1667 commence le creusement du Grand Canal. En 1679 est édifiée la Galerie des Glaces et en 1682 la cour s’installe à Versailles. La chapelle est achevée en 1710. Les périodes de paix voient l’accélération des travaux, les années de guerre coûtant cher au royaume. Au total, la construction du château a coûté, entre 1664 et 1715, 80 millions de livres tournois, soit l’équivalent de 3% des dépenses annuelles de l’État. Versailles n’a donc en aucun cas ruiné le pays, contrairement à ce que propagent certaines rumeurs malveillantes.
Un lieu de logement
Versailles est un lieu de logement pour la cour. Le château dispose de deux magnifiques appartements pour le roi et la reine. Mais il contient également 20 appartements princiers et 189 logements pour les courtisans. Sa surface est de 63000 m2, répartis en 2300 pièces. Sous Louis XV, 4000 personnes logent à Versailles, et 2700 dans les dépendances; il convient d’y ajouter les 1500 gardes du roi.
Son parc s’étend sur plus de 8000 hectares avant la Révolution (10 fois plus qu’aujourd’hui), dont 93 hectares de jardin dits «à la française». André Le Nôtre va engager des travaux titanesques pour créer et aménager les jardins de Versailles. Ils comptent 380 œuvres d’art dont 221 statues, Apollon occupant une place majeure. L’eau y est centrale avec le Grand Canal, mais aussi 55 fontaines. Acheminer l’eau à Versailles a représenté un défi majeur, et un coût financier important, représentant un tiers des dépenses totales. De nombreuses rivières furent dérivées, mais le chantier le plus impressionnant fut la machine de Marly qui pompait l’eau directement dans la Seine. Il y eut même le projet en 1685 de dériver l’Eure, qui coule 160 kilomètres au sud de Versailles. Des dizaines de milliers de soldats furent affectés à creuser un canal, qui ne fut jamais achevé, faute de bras, une guerre interrompant ces travaux gigantesques. Cette problématique de l’eau explique que les fontaines ne coulaient pas à pleine puissance, sauf à l’occasion des «Grandes Eaux» qui marquaient des événements exceptionnels.
Un lieu de fêtes
Les fêtes les plus fabuleuses ont marqué l’histoire du château de Versailles. Elles jalonnaient la vie monotone de la cour, et étaient une manifestation du prestige du roi dont les fêtes devaient éblouir les invités. Elles étaient données pour les grands événements de la vie du royaume, comme les victoires militaires, les naissances royales ou les visites de personnalités étrangères. Lully et Molière en étaient les principaux artisans sous Louis XIV. Les fêtes se composaient alors souvent d’une pièce de théâtre, en intérieur ou dans les jardins, d’un festin puis d’un bal, avant un feu d’artifices.
Une période difficile
Les États Généraux, qui vont précipiter la chute de la monarchie française, se tiennent à Versailles en 1789. Le 6 octobre 1789, la famille royale quitte le château, qui ne retrouvera jamais son faste. Le Grand Canal se transforme en marais putride, faute d’entretien, et les œuvres d’art sont envoyées au Louvre. En 1793, le mobilier est vendu, les plus belles pièces étant achetées par des Anglais pour meubler les châteaux royaux. La Convention pense alors raser le château dont les jardins sont saccagés.
Versailles renaît toutefois sous l’Empire, Napoléon y faisant réaliser de nombreux travaux pour s’y installer. Après une nouvelle période difficile, Versailles est réhabilité en 1833 pour devenir un musée de l’Histoire de France. Napoléon III va ensuite y donner de nombreuses fêtes. Mais, après la défaite de Sedan, le château devient le quartier général des armées prussiennes lors du siège de Paris. L’empereur d’Allemagne s’y installe avant de repartir, laissant un endroit délabré derrière lui. En souvenir de cette humiliation, en 1919, le gouvernement français décidera de faire signer dans la Galerie des Glaces le traité de paix concluant la défaite allemande.
La période actuelle
Le château est aujourd’hui un des lieux les plus visités au monde, avec sept millions de visiteurs annuels. Ils sont essentiellement français, américains et chinois. Versailles a inspiré de nombreux souverains étrangers qui ont tenté d’en recopier la majesté, que ce soit en Russie ou en Autriche. L’État s’inspire encore aujourd’hui de son histoire glorieuse pour y recevoir des personnalités prestigieuses.
Fierté nationale, le château de Versailles a certes perdu le faste qui le caractérisait avant la Révolution, mais il a gardé sa majesté et offre une belle figure 400 ans après sa naissance.
à lire ou relire :
AAV – Vue du château et des jardins de Versailles de Pierre Patel dans Actuailes n°121 – 14 octobre 2020
AAV – Le Bassin des Enfants dorés de Jean Hardy dans Actuailes n° 78 – 13 décembre 2017
«Le luxe, une passion française» dans Actuailesn°151 – 12 octobre 2022
Julien Magne
Actuailes n°168 - 29 novembre 2023
Actuailes 2024 © Tous droits réservés. Conditions d'utilisation with & by Website-modern - Se connecter