Ce médicament, autorisé depuis 1960 et commercialisé essentiellement par le laboratoire Sanofi, est un traitement de l’épilepsie et d’une maladie psychiatrique appelée trouble bipolaire (maladie de l’humeur où l’on peut enchaîner moments de dépression avec des périodes de grande agitation psychique). L’épilepsie provoque des crises pendant lesquelles le cerveau envoie des informations brusques et non coordonnées aux nerfs. Ces crises sont dangereuses lorsqu’on est enceinte, à la fois pour la maman et pour le bébé. Il est donc nécessaire de la traiter, même pendant la grossesse.
Le scandale vient du fait que, dès les années 1980, des études médicales montraient que la Dépakine pouvait provoquer chez les bébés à naître des malformations de la colonne vertébrale. Dans les années 1990, des publications américaines mettaient en garde aussi contre des troubles du développement. Dans plusieurs pays d’Europe comme aux États-Unis, on recommandait, dès 2004, de prescrire un autre médicament pendant la grossesse et, quand c’était impossible, d’alerter sur le risque pour le bébé à venir. Mais ce n’est qu’en 2006 que ces informations ont été ajoutées sur la notice du médicament en France.
Malgré ces informations, de nombreux médecins ont continué de le prescrire jusqu’en 2015, souvent par ignorance. Il est probable que plusieurs centaines d’enfants aient été victimes de ce médicament entre 2006 et 2015. L’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac), qui rassemble près de sept cents familles, aide celles-ci à entamer des procédures pour faire reconnaître les négligences de l’État et du laboratoire.
Ce médicament ne pourra cependant pas être tout à fait interdit pour les femmes enceintes, car les autres antiépileptiques sont également dangereux pour le fœtus, et que certaines épilepsies nécessitent un traitement.
Le problème de fond, qui n’est pas nouveau, est le système de veille sanitaire français : quand une information inquiétante sur un produit est transmise par un ou plusieurs médecins, des études françaises ou étrangères, il nous faut améliorer son relai par l’Agence française du médicament pour que les décisions soient prises rapidement et connues de tous. C’est le travail auquel s’attellent les autorités sanitaires à la suite à cette nouvelle affaire.
1. Il ne parvient pas à apprendre ou à développer son intelligence de façon normale.
Actuailes numéro 57 du 5 octobre 2016
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