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Des nanoparticules dans des bonbons ?

Des nanoparticules dans des bonbons ?

13-12-2016 à 23:36:21

En octobre 2016, la presse titrait : « Des bonbons au bon goût de nanoparticules ». Du titane dans des bonbons ! L’émotion nous a envahis ! Le mot de « nanoparticule » fait peur, évoque des techniques qui permettraient de transformer nos cerveaux en robots aux ordres d’un ordinateur central. Quelles réactions avoir ?

 

S’informer sur les mots utilisés

Les nanoparticules sont des objets un million de fois plus petits qu’un millimètre. Elles ne sont ni bonnes ni mauvaises, cela dépend de ce que l’homme en fera. Les nanoparticules seront demain des prothèses médicales comme le sont les lunettes. Elles pourraient aussi servir le mal avec le transhumanisme. L’oxyde de titane est un produit courant qu’on trouve, par exemple, dans les carrières de talc. Dans les bonbons, sa présence est étiquetée sous un nom de code E171 : c’est un colorant alimentaire recherché pour sa blancheur.

Comprendre l’objet de l’étude annoncée

Le communiqué publié parle d’une « enquête », et non d’une « étude scientifique » au sens propre du mot. Le « laboratoire d’analyse » n’a fait des mesures que sur quatre échantillons. Pourquoi pas d’autres ? Ce n’était pas non plus un « laboratoire de recherche ». Ce laboratoire public était très bien équipé en instruments de mesure, ce qui permet de trouver partout toutes sortes de molécules, même à des doses infimes.

Qu’en conclure au plan de la santé ?

Le colorant E171 est-il dangereux ? Il est autorisé par la réglementation. Est-ce une raison d’innocuité ? Faut-il les interdire au nom du principe de précaution ? Un risque est-il avéré ? L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) s’est posé la question dès 2014. Son rapport « relatif à l’évaluation des risques liés aux nanomatériaux » a conclu qu’« il s’avère très difficile d’établir une synthèse des connaissances en matière de toxicologie... Les connaissances concernant la toxicité restent parcellaires ». La difficulté est d’établir une relation de cause à effet entre telle ou telle allergie ou maladie.

 

Les tests en laboratoire ne suffisent pas. Le dioxyde de titane est présent dans les particules fines qui voltigent à travers les continents en provenance des grands déserts (Sahara et Arizona). On en trouve également dans pratiquement tous les dentifrices. Il faudrait faire appel à de très lourdes études épidémiologiques, seule méthode pour conclure quand plusieurs facteurs sont en jeu. Il faudrait multiplier ce type d’études !

On comprend que l’ANSES dise « qu’il est encore très difficile de pouvoir se prononcer sur le risque sanitaire lié à l’utilisation de tel ou tel nanomatériau ».

Le colorant alimentaire E171 est-il indispensable ?

Le goût d’un produit alimentaire n’est pas seulement celui qui est ressenti par les papilles de notre langue. Tous les sens y contribuent : le caractère croquant (pour l’oreille), l’odeur (pour le nez), la couleur (pour l’œil), la plasticité (pour le toucher). Chaque recette a ses caractéristiques pour contribuer au plaisir d’une sensation globale, et pour susciter l’appétit ou la gourmandise. Chaque sensation est un élément indispensable du goût. Les colorants contribuent à créer cette magie du goût. Est-ce un bien ou un mal ? Chacun se fera son idée. Une chose est sûre : le pire n’est jamais sûr et les émotions bien mauvaises conseillères. De l’importance de savoir prendre du recul sur les titres de journaux.

 

Pour aller plus loin : http://jeunes32.les2ailes.com

 

Mots compliqués

Prothèse : Du latin prosthesis (« addition d’une lettre au commencement d’un mot »). En médecine, c’est un dispositif artificiel destiné à suppléer à un organe ou à le remplacer.

Titane : Ce nom proviendrait du grec titanos signifiant « marne », le titane étant abondant dans les terres argileuses.

Talc : Son nom vient du persan : talq. Il s’agit d’une roche se réduisant en poudre fine et utilisée pour réduire les frottements dans le contact de matériaux divers en mouvement. 

Toxicologie : Vient du latin toxicum (« poison »). La toxicologie est la science qui étudie la dangerosité d’un produit pour la santé.

Étude épidémiologique : Le mot vient du grec epidoemia. Il évoque tout ce qui peut influencer la santé des populations.

Plasticité : Vient du grec plássein (« mouler, former »). La plasticité d’un corps est sa capacité à changer de forme pour être moulée.

 

Actuailes n° 61 – 14 décembre 2016

 


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