Actuailes a régulièrement entretenu ses jeunes lecteurs de la situation en Syrie et de l’évolution de la guerre qui y dure depuis plus de cinq ans. Aujourd’hui, je voudrais me faire l’écho des paroles d’un dignitaire de l’Église grec-melkite catholique en Syrie, Monseigneur Jean-Clément Jeanbart, archevêque métropolitain d’Alep.
Alep, avant la guerre, était le fleuron économique et culturel de la Syrie. Ville du Nord, Alep suscitait même une certaine jalousie de la part de la capitale, Damas, au sud du pays, lieu du gouvernement et des institutions. Est-ce cette position très enviable qui vaut à cette ville le sort terrible qui est le sien ? Si la guerre a ravagé bien des zones du pays, il est certains endroits où la guerre semble avoir pris ses quartiers. Alep en fait partie. La guerre s’y est installée, prenant en otage les populations civiles.
Dans sa dernière lettre pastorale, datée d’Alep le 23 octobre 2016, Mgr Jeanbart fait le bilan des cinq dernières années. Il compare les espoirs suscités par le mouvement populaire du printemps 2011 (appelé « Printemps arabe ») avec la réalité qui est apparue au fil des mois : « Tout ce que ce printemps de malheur nous a apporté, c’est la douleur, la misère et la destruction. Destruction qui a démoli nos maisons, nos institutions, et nos sources de revenu. […] » À ces pertes s’ajoute une autre, sur laquelle insiste l’archevêque : l’élément humain. La situation intolérable a poussé nombre de citoyens syriens – principalement des jeunes – à émigrer, dans l’espoir d’une vie meilleure en Occident. Le pays est « privé de ses forces vives ». Cette jeunesse va manquer terriblement au pays, alors que les indices de paix commencent à apparaître et que l’on parle de reconstruction. Qui va reconstruire le pays ?
Le pasteur rappelle la nécessité pour tous de travailler, chacun à sa place, au relèvement de la nation. « Nous avons besoin de combattants pour lutter sur deux fronts : des soldats sur les champs de bataille, et nous autres pasteurs avec tous les citoyens de bonne volonté qui aiment leur pays, sur le front de l’action sociale et humanitaire. » Il lance une sorte de campagne, non pas militaire, mais sociale et civique, invitant tous et chacun à s’y impliquer avec « foi, détermination et engagement ».
Mgr Jeanbart termine sa lettre par une affirmation solennelle : « Nous voulons dire à nos fidèles et à tous les amis qui veulent nous entendre que nous nous sommes décidés fermement à nous engager et à participer à cette campagne décisive, nous dédiant sans réserve et mettant en œuvre toutes nos capacités pour soutenir nos jeunes dans leur marche et leurs efforts en vue de s’enraciner toujours davantage dans notre terre bien-aimée. Ensemble, nous voulons bâtir notre avenir, ensemble, nous voulons continuer à vivre d’une façon digne et honorable tant que le Seigneur le voudra, dans notre ville chérie, Alep. »
Que Dieu vous entende et vous aide, Monseigneur !
Actuailes n° 59 – 16 novembre 2016
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