À Nantes, le 21 janvier 1941, Honoré d’Estienne d’Orves est arrêté. Il a été trahi. S’ensuit le démantèlement du réseau Nemrod qu’il a constitué avec Jan Doornik et Maurice Barlier. Ce réseau a permis la première liaison radio entre la France occupée et la France libre.
Honoré est officier de marine, descendant d’une grande famille des environs de Toulon, lui-même père de cinq enfants. Il leur écrit depuis sa cellule en attendant son procès : « Mes enfants, vous constituez un maillon dans la chaîne de notre famille. Cette famille, vous en devez connaître les traditions, que vous aurez, à votre tour, à transmettre à vos enfants. »
La ferveur patriotique d’Honoré et son sens de la responsabilité envers ses associés du réseau, forcent l’admiration de ses juges : « Vous êtes des hommes et des femmes d’honneur. » En sortant de son procès, il est bien malheureux de n’avoir pas pu sauver la tête de ses amis. L’abbé Stock lui annoncera la veille de son exécution que la peine de ses camarades a été commuée en temps de bagne. « Dieu soit loué ! », répond-il.
Le 29 août 1941, il est fusillé au Mont-Valérien, son recours en grâce ayant été rejeté. Le nom d’Honoré d’Estienne d’Orves devient un symbole de la lutte contre l’oppression nazie. Il donnera le courage de combattre à de nombreux Français.
La belle évocation de sa remarquable épouse montre la force des familles, leur dignité, leur foi. On retrouve avec émotion l’abbé Stock, que vous avez peut-être découvert grâce à la BD des mêmes auteurs, Franz Stock. Passeur d’âmes (Artège, 2016).
Cette bande dessinée, conçue en collaboration étroite avec la famille du héros, Rose de Beaufort, sa fille, et Augustin, son petit-fils, est une très belle réussite. Elle est un hommage à une vie marquée du sceau de la fidélité à la patrie, à la foi chrétienne, à la famille et aux amis.
Le scénario permet une bonne compréhension des faits et des sentiments des personnages, sans être lourd et bavard. Les dessins sont clairs, fidèles aux lieux et à l’époque, et les visages très marquants.
Les mots d’Honoré d’Estienne d’Orves sont un vrai testament pour aujourd’hui. À l’abbé Stock : « Je prie Dieu de donner à la France et à l’Allemagne une paix dans la justice comportant le rétablissement de la grandeur de mon pays. Je remets mon âme entre les mains de Dieu... »
La vie d’un authentique héros chrétien dans la tourmente, fidèle à ses idéaux.
Valérie d’Aubigny
Actuailes n° 77 – 29 novembre 2017
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