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L’affaire Hariri

L’affaire Hariri

29-11-2017 à 07:13:22

Beaucoup, en France, ont suivi le feuilleton quotidien de l’affaire Hariri (cf. Actuailes n° 76). Et pour cause : l’affaire Hariri, à savoir la démission d’un seul homme, a suffi pour menacer la fragile stabilité libanaise et agiter les diplomaties arabes et occidentales.

Pour comprendre l’affaire Hariri, il faut se rappeler plusieurs choses.

Depuis les premiers temps de l’islam, la rivalité entre les sunnites et les chiites n’a jamais cessé. Par ailleurs, l’Arabie (sunnite) et l’Iran (chiite) veulent chacun être la plus grande puissance régionale.

La constitution libanaise est confessionnelle. Les postes sont répartis selon la religion. Le président est chrétien. Le Premier ministre est sunnite. Le président du Parlement est chiite.

Le Hezbollah est un parti politique chiite doté d’une branche militaire très puissante.

Dans ce contexte, en décembre 2016, un nouveau gouvernement a été mis en place au Liban, après plus de deux ans sans président à la tête de l’État. Les différents partis politiques, confessionnels et soutenus par les puissances étrangères, s’étaient entendus sur la base d’une neutralité du Liban dans la crise syrienne et d’une posture plus discrète de la part du Hezbollah.

Mais depuis, le régime de Bachar al-Assad, chiite, appuyé par l’Iran et le Hezbollah, gagne peu à peu la guerre en Syrie, pays voisin du Liban. Redoutant un renforcement de la puissance iranienne dans la région, l’Arabie trouvait que le Premier ministre libanais, Saad Hariri, ne luttait pas assez contre la montée en puissance du Hezbollah. Elle l’a donc convoqué à Riyad le 4 novembre, puis forcé à la démission et à rester en Arabie. Riyad en a les moyens. Sans son soutien financier, les entreprises de Hariri s’effondrent.

Mais cette démission forcée a causé un tollé mondial et de sévères critiques contre Riyad. La diplomatie française a donc trouvé une porte de sortie. En invitant Hariri à Paris avant qu’il ne retourne au Liban présenter sa démission au président libanais, elle a évité à l’Arabie la honte de devoir faire marche arrière en autorisant un retour de Hariri directement à Beyrouth depuis Riyad. Paris est même parvenu à susciter un compromis pour le gouvernement libanais.

Tout compte fait, Saad Hariri, de retour au Liban depuis le 22 novembre, pourrait rester Premier ministre. En échange, Beyrouth réaffirmerait sa neutralité vis-à-vis de la crise syrienne et le Hezbollah adopterait un discours moins agressif envers l’Arabie saoudite.

Abu Nuwas

Actuailes n° 77 – 29 novembre 2017

 

 

 


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