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L’affaire Vincent Lambert : le symbole du débat douloureux sur « la fin de vie »

L’affaire Vincent Lambert : le symbole du débat douloureux sur « la fin de vie »

31-05-2015 à 23:31:00

L’affaire Vincent Lambert : le symbole du débat douloureux sur « la fin de vie »

Depuis un accident de voiture survenu en 2008, cet homme de 39 ans est hospitalisé à Reims, inconscient et sans communication possible.

Autour de lui, sa famille se dispute, les uns (son épouse, les médecins) souhaitant que l’on cesse de l’alimenter et de l’hydrater afin de le laisser mourir, les autres (ses parents) se battant au contraire pour que les médecins continuent leurs soins puisqu’il ne souffre d’aucune maladie et n’est pas en fin de vie.

  Si l’épouse et les médecins ont envisagé d’arrêter les soins prodigués à Vincent Lambert, c’est parce qu’une loi du 22 avril 2005, la loi Léonetti, prévoit que les médecins, en respectant une procédure très précise, peuvent « décider de limiter ou d’arrêter un traitement inutile, disproportionné ou n’ayant d’autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie ». Bien sûr, pour prendre une telle décision, les médecins doivent tenir compte de l'avis du patient, de ses proches, et des souhaits qu’il a pu formuler lorsqu’il était en bonne santé.

  Dans le cas de Vincent Lambert, son épouse a pu considérer qu’il ne servait à rien de maintenir son mari en vie puisqu’il n’y avait aucune chance que son état s’améliore et qu’il aurait certainement préféré mourir qu’affronter une vie « emprisonnée dans son corps ». Mais, les parents, et d’autres, ont pu être choqués par ce point de vue qui revenait à dire que la vie de Vincent Lambert ne méritait pas d’être vécue. On comprend alors que ce raisonnement ait pu blesser les personnes handicapées et leurs familles qui se sont demandés à partir de quel degré de handicap la vie valait ou non d’être vécue.

Cette dispute familiale a donné lieu à un long procès au cours duquel une première décision du tribunal administratif de Chalon-en-Champagne a interdit aux médecins d’arrêter les soins au motif que le cas de Vincent Lambert ne permettait pas d’appliquer la loi Léonetti. Mais, une deuxième décision du conseil d’État (annulant la décision de Chalon-en-Champagne), après avoir examiné l’état de santé de Vincent Lambert, a, au contraire, permis aux médecins d’appliquer la Loi Léonetti. C’est à la suite de cette décision que les parents de Vincent Lambert ont saisi la Cour européenne des droit de l’homme (CEDH) qui rendra son arrêt (décision) le 5 juin prochain. Ce recours est le dernier, et le sort de Vincent Lambert sera définitivement fixé avec cet arrêt.

Que peut dire la CEDH ? La CEDH va examiner si la loi Léonetti respecte les grands principes qu’elle protège et en particulier l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme qui prévoit le droit à la vie, l’article 3 qui interdit des traitements inhumains ou dégradants, et l’article 8 qui protège le droit au respect de la vie privée. Au delà de l’importance de cette décision sur la vie de Vincent Lambert, cet arrêt aura une grande importance pour deux raisons : d’abord parce que c’est la première fois que la CEDH est saisie par des personnes s’opposant à la fin de vie « assistée », et, ensuite, parce que son contenu va fixer un cadre aux États souhaitant mettre en place une législation sur la fin de vie.

Bien sûr, il ne faut pas oublier, dans ce débat, l’importance que peuvent avoir les convictions religieuses de chacun et qui doivent être prises en compte et respectées, car elles guident notre vie et nos réflexions. Il ne faut pas oublier non plus que, derrière chaque débat sur la fin de vie, il y a un drame et une famille qui souffre. C’est pour cela que, quoi que décide la CEDH, il faudra que chacun continue de défendre ses convictions, mais se rappeler aussi combien il doit être douloureux de faire face à la maladie et à la fin de vie d’un proche.

Virginie Terrier

 

Mots clés

CEDH : juridiction européenne chargée de veiller au respect de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, qui énonce les droits et libertés dont dispose chacun de nous. Cette convention a été ratifiée (signée) par quarante-sept états, de l’Islande à la Turquie, du Portugal à la Russie. On ne peut saisie la CEDH qu'une fois que tous les procédures offertes en France ont été utilisées.

 

   Actuailes n° 37 – 3 juin 2015


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