La baisse du prix de l’or noir a un impact sur l’ensemble des économies de la planète, avec des conséquences plus ou moins heureuses selon les acteurs.
La production mondiale de pétrole s’établit aujourd’hui aux alentours de 90 millions de barils par jour[1]. En d’autres termes, le temps que vous mettrez à lire cet article sera suffisant pour produire l’équivalent de 100 000 barils ! L’or noir s’est rendu indispensable à nos sociétés. Plus qu’une source d’énergie, il compose également un nombre insoupçonné de matériaux et d’ustensiles de notre vie quotidienne : vêtements, brosses à dents, pneus, sacs plastiques, etc.
Le prix du baril de pétrole, comme tout produit dans une économie de marché, est régi par la loi de l’offre et de la demande. S’il existe une forte demande pour un produit rare, alors le prix de ce produit sera élevé. Si, en revanche, l’offre d’un produit est au moins égale à la demande, son prix sera plus faible. Ce qui se passe actuellement sur le marché du pétrole ne déroge pas à cette règle.
L’offre sur le marché du pétrole est importante, elle s’est même renforcée par l’intermédiaire des États-Unis qui produisent massivement depuis 2006 du gaz de schiste sur le sol américain. Cette production permet à ce pays d’être moins dépendant du pétrole étranger. De leurs côtés, les principaux pays producteurs, comme le Venezuela, l’Arabie Saoudite et le Nigéria refusent de diminuer la production. Aucun ne veut prendre cette décision individuellement, de peur d’être désavantagé mais ils ne parviennent pas non plus à prendre cette décision collectivement. Il faut dire que l’or noir porte bien son nom et constitue une manne pour ces pays dont le pétrole est la principale ressource économique.
En face de cette offre, la demande a une tendance nette, depuis quelques mois, à diminuer, principalement en raison du ralentissement de la croissance chinoise. De nombreuses branches industrielles stagnent (automobile, acier, textile, électroménager, électricité, etc.), et, en conséquence, la consommation de pétrole en Chine ne progresse plus. Comme elle est le deuxième plus grand consommateur de pétrole à l’échelle de la planète, ce ralentissement a nécessairement un impact sur la demande mondiale. Ce contexte explique la baisse du cours du pétrole, qui a perdu la moitié de sa valeur ; le prix du baril est aujourd’hui autour de 50 $.
Cette baisse s’accompagne d’effets positifs pour certains pays et acteurs de l’économie, et de conséquences moins heureuses pour d’autres. En premier lieu, la facture énergétique aura tendance à s’alléger pour les pays très dépendants du pétrole. C’est le cas de la France, dont les économies pourraient s’élever à 15 milliards d’euros, mais aussi des secteurs industriels dépendant du prix du baril, comme les compagnies aériennes, dont le kérosène représente jusqu’à 35 % des coûts de l’entreprise. Les automobilistes profitent aussi de cette chute du prix du pétrole, même si, en France, l’importance des taxes dans la composition des prix du carburant limite la baisse des prix à la pompe.
En contrepartie, les pays producteurs souffrent de cette baisse du prix du baril. Ainsi, au Venezuela, chaque dollar de moins sur la vente d’un baril occasionne un manque à gagner de 600 millions d’euros pour l’État !
La baisse du prix du baril peut également avoir un impact sur les pays de l’Union européenne, menacés actuellement par un risque de déflation (reprendre la note de bas de page qui définit la déflation, ainsi que l’article sur la BCE, Actuailes n° 29). En effet, comme nous l’avons dit plus haut, une grande partie de nos produits de consommation sont faits à partir du pétrole. Donc, si le prix du pétrole baisse de façon significative, ce sont les prix de ces mêmes produits qui baissent aussi, entraînant, dans une Europe marquée par une croissance molle et une inflation faible, un risque de déflation, c’est-à-dire un report des investissements et de la consommation. En effet, si je sais que les prix seront demain moins élevés qu’aujourd’hui, je reporte d’autant mes achats et mes investissements
Pour l’Europe, l’action de la BCE, expliquée dans le précédent numéro d’Actuailes est un premier palliatif pour lutter contre ce risque de déflation.
[1] Un baril par jour équivaut à 50 tonnes de pétrole par an.
Actuailes 2024 © Tous droits réservés. Conditions d'utilisation with & by Website-modern - Se connecter