Maîtresse femme, protectrice des arts, inspiratrice des poètes et véritable chef politique, Aliénor d’Aquitaine fut sans conteste l’une des femmes les plus influentes de son époque.
Fille de Guillaume X d’Aquitaine et petite fille de Guillaume IX d’Aquitaine, qui serait le plus ancien troubadour, Aliénor reçoit l’éducation soignée d’une femme noble de son époque à la cour d’Aquitaine, l’une des plus raffinées du XIIe siècle, celle qui voit naître l’amour courtois (la fin amor) et le rayonnement de la langue occitane. Elle apprend le latin, la musique et la littérature, mais aussi l’équitation et la chasse.
À la mort de son père, elle hérite d’un vaste et riche duché (Aquitaine, Poitou) qui attire bien des convoitises dont celle du roi Louis VII qui l’épouse en 1137. Malheureusement, les caractères des deux époux ne s’accordent pas du tout et l’annulation du mariage est prononcée. Louis VII perd sa femme mais aussi la dot de celle-ci, ce qui peut avoir des conséquences dramatiques pour le royaume de France !
Et c’est ce qui arrive, car Aliénor choisit d’épouser Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre, et lui offre à cette occasion ses possessions en France. Le roi d’Angleterre devient vassal du roi de France, mais un vassal plus puissant que son suzerain ! Voilà les prémices de la guerre de Cent Ans posés.
Aliénor, femme au fort tempérament, aime le pouvoir et souhaite l’exercer mais, malheureusement pour elle, son mari ne l’y autorise pas. Elle décide alors de dresser ses propres enfants contre leur père ; mal lui en prend car, pendant seize ans, elle est enfermée dans ses nombreuses demeures sans pouvoir reparaître à la cour et ne sort de son « exil » que lorsque son fils Richard Cœur de Lion, après son accession au trône, la libère en 1189.
Alors que Richard est parti en Croisade, elle assure la Régence et ne souhaite personne à ses côtés pour gouverner !
Son énergie est inépuisable. En effet, les années qui suivent ne l’épargnent pas : c’est elle qui va chercher Bérangère de Navarre, future épouse de Richard, et la conduit, en plein hiver, par les Alpes et l’Italie, à l’endroit où Richard s’apprête à appareiller pour la Terre sainte ; c’est elle ensuite qui retourne précipitamment en Angleterre pour empêcher son plus jeune fils, Jean sans Terre, le mal aimé, de trahir son frère ; c’est elle encore qui parvient à rassembler l’énorme rançon demandée par les Allemands en contrepartie de la libération de Richard (cent cinquante mille marcs d’argent, équivalant à deux années de recettes pour le royaume d’Angleterre !) qu’elle apporte elle-même.
À plus de 75 ans, elle montre encore une volonté farouche de maintenir entier le domaine des Plantagenêts !
Et c’est après une vie bien mouvementée que « la plus belle et la plus riche fleur d’Aquitaine, la perle incomparable du Midi » meurt en 1204. Elle est inhumée dans sa chère abbaye de Fontevraud.
Actuailes n° 67 – 5 avril 2017
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