Le 26 janvier dernier, les Grecs ont choisi leur nouveau Premier ministre. Il s’appelle Aléxis Tsípras, il est le grand vainqueur des élections législatives et son parti Syriza, fait trembler toute l’Europe. En effet, il réclame le droit de ne pas rembourser la totalité des 300 milliards d’euros que doit la Grèce à ses partenaires européens, au risque de provoquer l’éclatement de l’Union européenne et de l’euro.
Aléxis Tsípras et son parti sont très jeunes et n’ont encore jamais gouverné. Pour avoir la majorité, Syriza s’est allié avec le Parti des Grecs indépendants, un mouvement encore plus récent, qui ne partage avec lui que son refus de régler les dettes du pays et son rejet de l’Union européenne de Bruxelles.
Pour comprendre le choix radical et risqué des Grecs, il faut regarder à l’échelle de l’Europe. Dans plusieurs pays en effet, les partis politiques traditionnel - au pouvoir depuis des dizaines d’années - sont fragilisés par l’émergence de nouveaux partis contestataires, qu’on appelle souvent « partis antisystème ».
Malgré des programmes souvent bien différents, ces partis antisystème ont en fait beaucoup en commun, car ils refusent la politique de l’UE de Bruxelles et critiquent l’inefficacité des partis traditionnels face à la crise économique. Surtout ils sont portés par la colère des peuples, que choque l’avalanche des scandales de corruption impliquant de grandes figures des partis classiques.
En Italie par exemple, la vie politique - ou deux partis s’échangent le pouvoir depuis cinquante ans - est troublée depuis quelques années par le « Mouvement 5 étoiles », ce mouvement inclassable dont les succès forcent les partis traditionnels à des alliances souvent instables. De plus, les partis classiques sont régulièrement salis par d’importants scandales de corruption (comme à Venise, à Milan et à Rome ces derniers mois) qui aggravent leur discrédit.
En Espagne, le tête-à-tête entre les deux partis traditionnels qui alternent depuis quarante ans (PP et PSOE) va probablement bientôt connaître une fin. Les sondages prédisent en effet la victoire aux élections de décembre de Podemos, un mouvement né en quelques mois pour dénoncer la corruption de la classe politique espagnole - engluée elle aussi dans de nombreux scandales financiers - et la politique économique bruxelloise.
Au Portugal, c’est l’ancien Premier ministre José Socrates qui a été arrêté en novembre dernier pour des soupçons de fraude fiscale et de corruption ; il reste à voir si cette affaire peut affaiblir son parti lors des élections prévues elles aussi cette année.
Mais la principale crainte des partis traditionnels européens vient du Royaume Uni, où la formation contestataire UKIP est en passe d’arriver troisième aux élections générales de mai prochain, ce qui déstabiliserait les deux grands partis historiques et les forcerait à des alliances instables et des politiques confuses.
Cette année et les suivantes seront donc éprouvantes pour les partis traditionnels européens… à moins qu’ils ne parviennent à regagner la confiance des peuples qui les élisent, en réglant leurs problèmes de corruption et en respectant leurs promesses électorales.
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