Le ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a présenté il y a quelques semaines son projet de réforme du collège, devant entrer en vigueur à la rentrée 2016. Ce projet suscite la polémique et a entraîné des réactions très vives de personnes opposées à cette réforme.
Pourquoi une réforme du collège ?
Le ministre a fait le constat que les connaissances de base sont de moins en moins bien acquises et maîtrisées par les collégiens. Elle a donc décidé de lancer une grande réforme, à la suite de celle de l’école primaire (voir Actuailes n° 22). « Collège : mieux apprendre pour mieux réussir » est le nom donné à cette réforme. Avec un tel nom, cette réforme devrait mettre tout le monde d’accord. Et pourtant, certains professeurs et parents s’insurgent.
En quoi consiste ce projet de réforme ?
Ce projet de réforme vise à modifier l’organisation du collège, dont les objectifs sont décrits dans la lettre envoyée par le ministre à tous les enseignants des collèges : « […] renforcer l’acquisition des savoirs fondamentaux dans toutes les matières et développer de nouvelles compétences indispensables au futur parcours de formation des collégiens ». Le nouveau collège devra donc permettre « à tous les élèves de mieux apprendre pour mieux réussir en donnant plus de confiance aux enseignants, plus de liberté pédagogique, plus de capacité d’adaptation aux besoins divers des élèves ». Il s’agit de réformer la structure du collège et les programmes.
Concrètement, voici ce qui est prévu :
Pourquoi cette réforme suscite-t-elle tant d’opposition ?
Quatre points particuliers suscitent l’inquiétude de certains professeurs, hommes politiques et parents d’élèves :
Le premier point concerne la peur de voir disparaître le latin et le grec. Les langues mortes sont très utiles pour comprendre l’origine des mots de la langue française. La ministre de l’éducation a répondu qu’il sera toujours possible de les apprendre dans le cadre des EPI : les collèges qui proposaient l’option facultative Latin pourront l’inclure dans la matière complémentaire Langues et cultures de l’Antiquité. Les élèves pourront ainsi, s’ils le souhaitent, poursuivre l’apprentissage du latin de la 5e à la 3e.
La deuxième inquiétude concerne l’Histoire de France qui ne serait plus enseignée de manière chronologique mais par thème. Cela signifie que certaines périodes ne seraient plus étudiées par les collégiens, ou alors de manière facultative comme l’histoire de la chrétienté médiévale ou le siècle des Lumières. Certains thèmes abordés pourraient insister sur des faits particuliers comme la traite négrière ou les conquêtes coloniales, suscitant un sentiment de culpabilité et une image subjective de la France. Le ministère a répondu que le choix des thèmes sera laissé aux professeurs d’Histoire-géographie. Selon les régions, les collèges, les cours enseignés seront donc très différents.
Troisièmement, certains s’inquiètent du risque de disparition de l’enseignement de l’allemand avec la suppression des classes européennes et des classes « bilangues » qui proposaient d’apprendre deux langues dès la 6e. La langue allemande, très souvent choisie, dans ces classes pourraient donc être encore moins enseignée. Ce système de classe bilingue fonctionnait pourtant très bien. En réponse, le ministre affirme que tous les collégiens pourront étudier deux langues à partir de la 5e, ce qui n’est pas le cas actuellement, et que l’allemand sera toujours étudié.
Enfin, les réformes concernant les EPI, le travail en petits groupes et l’accompagnement personnalisé soulèvent de nombreuses interrogations et des doutes : certains professeurs estiment que ces nouvelles mesures ne seront pas efficaces pour redonner de la motivation aux élèves en difficulté.
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