Vous savez, chers amis, que la Syrie, ce grand pays du Levant, est en guerre civile depuis quatre ans. Les souffrances du peuple syrien sont immenses et la communauté internationale peine à trouver une solution acceptable. Souvenez-vous ; nous évoquions l’intervention russe dans le dernier numéro d’Actuailes (n° 40). |
Vous avez pu constater que la plupart des journalistes ou des hommes politiques d’Occident parlent de « régime syrien » et non de « gouvernement » ou « d’État syrien » comme ils le feraient pour un autre pays. Ce terme est très négatif lorsque l’on désigne un gouvernement car il rappelle le « régime nazi ». Pourquoi cette différence de traitement ? Pourquoi ce terme péjoratif de « régime » ?
On peut distinguer deux raisons principales à cette appellation.
Tout d’abord, le système politique syrien est une énigme pour ceux qui ne connaissent pas cette région du monde. Ce système doit en effet faire cohabiter de nombreuses communautés de religion différentes (musulmans chiites et sunnites, alaouites, chrétiens catholiques et orthodoxes, druzes, athées…) qui sont bien souvent en concurrence et luttent pour exister. Il doit aussi gouverner un pays un peu plus petit que la Roumanie, mais essentiellement désertique. Ce système politique allie des pouvoirs très anciens (les chefs de communautés) à une administration moderne qui gère le pays.
Ensuite, ce pays ne connaît que très peu le pluralisme politique* qui est la règle en Europe. La constitution** syrienne institue depuis 1973 la domination du parlement à un seul parti : le parti Baas. Ce parti politique est lui-même dominé par la communauté alaouite***, mais défend la laïcité, la prééminence de l’État et accepte des membres de toutes les communautés. Ce parti était parvenu en quarante ans à un relatif équilibre du pays grâce à une politique très dure et très directive. (Il a combattu en particulier très cruellement les islamistes des Frères musulmans dans les années 80. Les Frères musulmans sont interdits en Syrie.)
On peut ajouter une troisième raison qui concerne plus particulièrement la France, amie du Liban. La Syrie a occupé le Liban de 1975 à 2005. Cette occupation a été extrêmement dure en particulier à l’égard des résistants chrétiens qui ont souffert de la brutalité des services secrets syriens qui pratiquaient les enlèvements et la torture. Ce souvenir est encore très vivace au Liban.
Voilà pourquoi, ce gouvernement, pourtant démocratiquement élu, est souvent qualifié de « régime syrien ».
*pluralisme politique : se dit d’un système politique démocratique qui autorise plusieurs partis.
**La constitution est la loi fondamentale pour un État, c’est-à-dire la loi qui décrit l’organisation du pays.
*** Les alaouites sont une petite communauté musulmane proche du chiisme.
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