Consensus, mot employé en diplomatie, en politique et en écologie, bref souvent et partout, que signifie-t-il ?
Que dit le Larousse ?
Le mot latin signifie accord, le Larousse explique qu’un consensus ne désigne pas l’objet de l’accord, mais la procédure pour y parvenir : « un consentement… qui évite de faire apparaître les objections et les abstentions. » Le mot est tellement confus qu’on parle de « faire consensus », de « culture du consensus », des « lieux de consensus », des « logiques de consensus ».
Pourquoi la recherche des consensus ?
Le concept de consensus prétend éviter la guerre alors qu’il n’est que l’élimination des dissensus, avec le risque d’affadir la vérité. Mais l’indifférence qui en découle est souvent source de violences.
Comment se fabrique un consensus ?
Les spécialistes de construction des consensus respectent plusieurs étapes.– Le vocabulaire utilisé pendant les débats. Il doit être vague pour rassembler. Le développement durable en est un exemple. Qui est contre le développement ? Qui serait pour qu’il ne dure pas ?– Choisir des interlocuteurs appropriés, en éliminant les personnalités susceptibles de troubler le processus de consensus.– Sélectionner des médiateurs, des animateurs et des experts acquis à l’objectif.– Éliminer les « voix dissidentes », en leur reprochant leur mauvaise volonté puisque l’objectif est d’obtenir le consensus.– Rédiger un projet de synthèse qui sera soumis aux participants en public sans vote. Ainsi, à l’ONU, Hans Corell, responsable des Affaires juridiques de l’ONU, a reconnu en 2002 que les expressions consensus et sans vote sont « synonymes et interchangeables »!
Les valeurs de consensus
Les valeurs de référence des partisans du consensus sont la « tolérance », et la « non discrimination ».
Les récalcitrants sont accusés d’être intolérants et leur recherche du vrai et du faux de relever de la discrimination. Le relativisme est au rendez-vous de ces référentiels qui oublient que le « discernement » est par définition une « discrimination » entre diverses propositions de la pensée.
Même Jean-Paul II mettait en garde contre ce risque : « On observe une défiance fréquente envers des assertions globales et absolues, surtout de la part de ceux qui considèrent que la vérité est le résultat du consensus et non de l'adéquation de l’intelligence à la réalité objective » (Foi et raison § 56).
Le consensus, nouvelle forme de révolution culturelle
Une fois les esprits noyés par ces faux consensus, tout est en place pour ensuite laisser des « agents de consensus » s’infiltrer dans toute la culture et jusque dans les programmes scolaires. Les enfants deviennent ainsi les « agents de changements » de leurs parents.
La science, victime des consensus
La quête de la vérité n’étant plus prioritaire, les débats scientifiques sont les grands perdants de cette obsession du consensus. En effet, la vérité scientifique n’est pas le fruit d’une majorité consensuelle de scientifiques : le consensus ne fait pas partie de la méthode scientifique. Évoquons deux exemples de consensus scientifiques au service d’idéologies.
– En médecine, pendant trente ans, le monde entier a fait croire à la recherche embryonnaire comme solution thérapeutique. Le succès des cellules souches adultes a ébranlé cette idéologie. Elle perdure encore sous la pression des partisans du transhumanisme.
– En écologie, on a élaboré un consensus autour de prétendues « limites planétaires » (climat, particules fines, trou d’ozone, etc. Cf. Actuailes n° 40, 42, 43 et 46).
Que faire pour éviter cela ?
– Affirmer l’existence de la vérité.
– Ne pas se renfermer dans une neutralité : les non-spécialistes peuvent prendre parti.
– Appeler les jeunes à prendre du recul. Ceux qui ont le souci du bien commun doivent faire carrière dans la recherche scientifique pour éviter que la science ne soit monopolisée par des militants plus soucieux d’idéologie que de vérité.
– Imposer la pluralité des expertises comme valeur de dialogue.
TranshumanismeC’est une philosophie rationaliste et un mouvement culturel qui a pour objectif de transformer la nature humaine. Cette philosophie part de l’idée que notre création serait « raté », puisque l’homme souffre, tombe malade, et meurt. Dès lors, les transhumanistes s’appuient sur la technologie pour changer non seulement la nature, mais la nature de l’homme elle-même.Cf. Actuailes n° 38 (actuailes.fr/294-la-philosophie-transhumaniste)
Mots compliqués
Dissensus : Mot latin construit à partir de sensus (« sens ») et du préfixe dis- : divergence de sentiments.
Dissident : Du latin dissidere (« être en opposition ») composé de dis- et sedere (« être assis ») qui signifie, en quelque sorte, « pratiquer la politique de la chaise vide », par exemple dans une conférence de consensus.
Actuailes n° 59 – 16 novembre 2016
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