La semaine dernière, le football a révélé au monde son côté obscur. Le 27 mai, sept hauts responsables de la FIFA (la Fédération internationale de football association», qui regroupe toutes les fédérations internationales de foot) ont été arrêtés par la police suisse qui les soupçonne de corruption. En parallèle, le siège de la FIFA à Zurich a été perquisitionné par la justice qui enquête sur des malversations financières autour des prochaines coupes du Monde 2018 et 2022.
Dans ces deux affaires, la justice suisse intervient à la demande des États-Unis qui accusent la FIFA de quarante-sept délits (blanchiment d’argent, commissions illégales, fraudes et pots de vins divers) représentant 150 millions de dollars sur les vingt-cinq dernières années ! Pas de chance pour le jeu vidéo FIFA16 – le jeu vidéo officiel de la FIFA et l’un des plus vendus au monde chaque année – dont la sortie a été annoncée… le matin même de l’éclatement du scandale !
Que se passe-t-il donc dans le monde du ballon rond ?
Rappelons tout d’abord qu’une personne soupçonnée reste innocente, aussi longtemps que la Justice ne l’a pas jugée coupable. De plus, cette enquête du gouvernement américain, qui a utilisé ses services secrets pour piéger des suspects à l’étranger, est annoncée quelques jours à peine avant le vote de la FIFA qui se choisit un nouveau président ; on peut donc supposer qu’elle cache des motivations moins chevaleresques que la simple lutte contre la corruption.
Il reste néanmoins un fait indiscutable : le football n’est plus un sport. C’est devenu un juteux business, une énorme entreprise qui brasse beaucoup trop d’argent : les revenus de la FIFA ont été multipliés par trois en douze ans ! La dernière coupe du monde au Brésil a ainsi rapporté 5,7 milliards d’euros, versés par les télévisions du monde entier pour retransmettre les matches, par les grandes marques partenaires de publicités et dans une moindre mesure par les spectateurs de ces matches.
De telles sommes d’argent, qui transitent de surcroît via des comptes bancaires opaques situés dans des paradis fiscaux, peuvent susciter les convoitises et rendre tentantes les malversations et détournements.
De même, les pays candidats pour organiser une coupe du monde future ont tellement intérêt à être choisis qu’ils peuvent vouloir corrompre des décideurs parmi la vingtaine de membres du comité exécutif de la FIFA. En effet, l’impact économique d’une coupe du monde est colossal : l’événement offre une grande visibilité touristique ainsi qu’une réelle puissance diplomatique au pays organisateur. Les grandes entreprises spécialisées dans la construction de stades, de métros ou d’aéroports, peuvent également vouloir influencer les décisions de la même façon… Car les pays organisateurs dépensent des sommes de plus en plus faramineuses pour leurs infrastructures : ainsi, la Russie a englouti 21 milliards d’euros pour la Coupe de 2018, et le Qatar quelques 146 milliards pour la Coupe de 2022
Conclusion : « Il y a décidément trop d’or dans ce ballon. » La FIFA a été profondément secouée par cette double affaire qui a mis au jour de nombreux disfonctionnements et révélé de graves rivalités internes, même si son président Joseph Blatter a finalement été réélu pour un 5e mandat vendredi dernier. Espérons donc qu’elle serve d’électrochoc et mette un terme à la course à l’argent dans laquelle se perd le football pour l’aider à redevenir un vrai sport au lieu d’un gigantesque business.
Revenus de la FIFA:
Coupe du Monde |
Pays |
Revenus de la FIFA |
|
|
|
2002 |
Corée du Sud/Japon |
1 940 |
2006 |
Allemagne |
2 630 |
2010 |
Afrique du Sud |
4 190 |
2014 |
Brésil |
5 700 |
Source : Les Échos, 27 mai 2015 |
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