La psychanalyse*, née en même temps que le cinéma, est devenue une source inépuisable de scenarii pour le meilleur et pour le pire : psychopathes et névrosés hantent nos écrans mais les amoureux du cinéma doivent savoir que c’est Alfred Hichcock (cf. Actuailes n° 15) qui réalisa un des premiers films du genre à la demande de son ami le producteur David Selznick (Autant en emporte le vent), qui était subjugué par les théories freudiennes. Ainsi, sort aux États-Unis en 1945, Spellbound (« ensorcelé » en anglais) ou The house of the Dr Edwardes…
Au Green Manor, institut psychiatrique, le Dr Edwardes n’est pas celui qu’on croit et souffre d’un terrible sentiment de culpabilité, le Dr Constance Peterson décide de le guérir. Y a-t-il eu un meurtre ? Edwardes est-il dangereux ? Constance est-elle aveuglée par l’amour ? Soixante et onze ans plus tard, le talent d’Hitchcock nous tient encore en haleine. Gregory Peck et Ingrid Bergman (retenez leurs noms : ils appartiennent au 7e art) emplissent l’écran pour mieux nous communiquer leur angoisse. La camera capte les yeux du spectateur qui ne peut pas voir ce qui se passe hors champs et se retrouve prisonnier de l’image. Pas facile à l’époque de réaliser ces « vues subjectives » et certaines scènes sont même devenues comiques vu les effets spéciaux dont disposent les cinéastes aujourd’hui. Et si parfois, cela ressemble à de la psychologie de comptoir, qu’importe ! Le film est truffé de références et de symboles, dont une séquence unique et novatrice. En effet, loin de l’esthétique hitchcockienne (beauté des acteurs, élégance et sobriété des costumes, confort bourgeois des décors…), ce sont des tableaux de Salvador Dali* qui illustrent les rêves d’Edwardes : des images nettes mais insensées, réalistes et irréelles à la fois ! Bref ! C’est, avec des dialogues subtils, tout l’art du maître du suspens qui font de ce thriller un classique intemporel. Comme en peinture ou en littérature, il faut remonter à l’origine de la création pour mieux savourer (ou détester !) les œuvres contemporaines… À vous de forger votre propre opinion maintenant (et de retrouver le caméo d’Alfred !).
*Freud est, à la fin du XIXe siècle, un des pères de la psychanalyse, une méthode de guérison des personnes dépressives, développant des maladies psychosomatiques ou ayant des comportements potentiellement dangereux pour eux-mêmes ou leur entourage. Cette thérapie consiste à faire parler le patient jusqu’à ce qu’il trouve en lui-même les ressources nécessaires à sa propre guérison.
*Salvador Dali : artiste espagnol (1904-1989), a fait partie du mouvement surréaliste.
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