Le pays des pharaons a reçu la visite du pape François les vendredi et samedi 28 et 29 avril derniers. Dans les rues du Caire, capitale du pays, de grandes affiches accueillaient le souverain pontife avec ce message, en arabe et en anglais : « Le pape de la paix dans l’Égypte de la paix ».
Ce message de paix est un souhait, une espérance, mais pas encore une réalité. La visite du chef de l’Église catholique intervient dans un contexte où, justement, la paix est très instable. Dans les derniers mois, les chrétiens d’Égypte, les coptes, ont subi un regain de persécution, notamment dans la péninsule sinaïtique. Et le dimanche des Rameaux, le 9 avril dernier, deux attentats meurtriers ont endeuillé cette communauté.
Cette visite papale répond à l’invitation de quatre personnalités égyptiennes de premier plan : le président de la République, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, le pape Tawadros II des coptes orthodoxes, le patriarche Ibrahim Isaac Sidrak des coptes catholiques, le grand imam d’Al-Ashar cheikh Ahmed al-Tayeb. Pendant ces deux jours, le pape a pu s’entretenir avec ces personnalités et parler de la paix et de l’unité de la nation égyptienne.
Il y eut ensuite une rencontre exceptionnelle entre deux papes : le pape François et le patriarche des coptes orthodoxes Tawadros II, qui porte aussi le nom de « pape ». Les coptes constituent une Église chrétienne séparée de l’Église catholique romaine depuis le concile de Chalcédoine (451). La séparation eut lieu en raison d’une différence de compréhension du mystère du Christ. Le concile de Chalcédoine enseigne, en effet, que le Christ possède pleinement et la nature divine et la nature humaine. Une partie des chrétiens d’Égypte a refusé cette affirmation et a enseigné qu’il n’y a dans le Christ qu’une seule nature, la nature divine, qui absorbe la nature humaine. D’où leur nom de « monophysites » (en grec, monos : une ; physis : nature).
Pendant des siècles, l’Église copte et l’Église romaine ont eu des rapports assez ténus. Au XXe siècle, les choses ont évolué peu à peu. En 2013, le pape des coptes a rendu visite au pape François à Rome. En 2017, c’est le pape François qui rend visite au pape Tawadros II. Même si, à l’heure actuelle, la différence de doctrine demeure, les deux Églises cherchent à valoriser ce qu’elles ont en commun.
Cet effort œcuménique s’est concrétisé par la reconnaissance réciproque du baptême donné dans les deux Églises. Chaque Église reconnaît que le baptême donné par l’autre Église est un vrai baptême.
La visite du pape en Égypte s’est terminée par une rencontre des évêques et archevêques coptes catholiques. Les coptes catholiques ont le même patrimoine spirituel et liturgique que les coptes orthodoxes, mais ils ont refusé la séparation d’avec Rome. Cette visite éclair souligne la volonté du pape François de prêcher partout la paix et la coexistence pacifique (entre musulmans et chrétiens), ainsi que son souci pour l’unité des chrétiens, comme on l’a déjà vu lors de sa rencontre avec le patriarche Kirill à Cuba le 11 février 2016.
Actuailes n° 69 – 10 mai 2017
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