Deux attaques terroristes ont visé l’Europe mardi 22 mars dernier en frappant de manière quasi simultanée l’aéroport international de Bruxelles et le quartier des institutions européennes de la capitale belge.
Après de grandes capitales européennes – Madrid en 2004, Londres en 2005, puis Paris endeuillée à deux reprises en 2015–, c’est bien désormais l’Europe en tant que telle qui a été visée par l’organisation terroriste islamiste Daesh. Cette dernière revendiquant quelques heures plus tard ces attentats qui ont coûté la vie à une trentaine personnes et en ont blessées deux cent cinquante.
Il est 8 heures du matin dans le hall des vols en partance pour les États-Unis de l’aéroport international de Zaventem au nord de Bruxelles lorsqu’un kamikaze, un des frères El Bakraoui déjà recherchés dans le cadre des attaques de Paris, déclenche sa ceinture d’explosifs. Les baies vitrées volent en éclats et le plafond suspendu s’effondre sous le souffle de la déflagration tuant onze personnes, une centaine d’autres étant blessées par les débris.
Une seconde explosion se fait entendre quelques minutes plus tard alors que les voyageurs, fuyant l’aéroport dans la panique, sont regroupés sur les pistes et évacués par autobus. L’auteur pourrait être Najim Laachraoui, un Belge de 30 ans qui serait un des coordinateurs des attentats de Paris. C’est au tour du centre de Bruxelles d’être alors la cible des attaques. Il est 9h10 dans la station de métro de Maelbeek. Une rame à l’arrêt à quai dans la station est prise pour cible. La déflagration interrompt l’électricité bloquant le trafic et rendant très difficile le déplacement dans les couloirs. Une épaisse fumée noire fait surface, au cœur du quartier des institutions européennes, des ministères et du parlement belges.
Relevant sa vigilance anti-terroriste au niveau 4, la Belgique interrompt immédiatement tout son trafic ferroviaire et aérien vers l’étranger et, en accord avec ses voisins, ferme toutes ses frontières.
Quatre jours après l’arrestation de Salah Abdeslam
De nombreux experts redoutaient de tels attentats dans la capitale belge après les perquisitions de la mi-mars qui avaient entraîné la mort d’un terroriste d’origine algérienne, Mohamed Belkaid et surtout l’arrestation de Salah Abdeslam dans le quartier de Molenbeek. Ce dernier, intimement lié aux attaques terroristes de Paris du 13 novembre 2015 dont il aurait assuré une partie de la coordination avec Belkaid et Laachraoui, avait vraisemblablement trouvé refuge en Belgique et était depuis très activement recherché. Bien qu’il puisse s’agir des mêmes réseaux implantés en Belgique et se radicalisant depuis les années 1990, il semble prématuré de considérer que les attaques du 22 mars soient des représailles à l’arrestation d’Abdeslam.
Il faut en effet une longue période pour préparer et coordonner des attaques comme celles-ci. Des liens et des connexions ont cependant été établis entre ces différentes personnes et l’attentat du Caire qui coûta la vie le 22 février 2009 à une jeune Française, Cécile Vannier, mais aussi une attaque du Bataclan déjà envisagée en 2010.
En revanche, le choix de Bruxelles n’est certainement pas le fruit du hasard. Tout comme le fait que ce soit aussi le début de la Semaine Sainte pour les chrétiens que combat également Daesh en Orient.
Après les États, c’est l’Europe que visent les terroristes
Il ne semble faire aucun doute que les cibles ont été soigneusement choisies par les terroristes. Ils cherchent en effet à semer la terreur et l’effroi, à frapper des lieux symboliques (le journal Charlie Hebdo en janvier 2015, des endroits de vie et de loisirs comme le Bataclan ou le Stade de France en novembre 2015 à Paris).
Leur revendication cible clairement la Belgique pour sa participation à la lutte anti-terroriste engagée depuis 2015. Et qui s’était considérablement renforcée depuis le mois de novembre puisqu’une partie des terroristes arrivaient de Bruxelles – et en particulier du quartier de Molenbeek.
Mais c’est aussi l’Europe qui est visée
En effet, l’aéroport de Zaventem accueille de nombreux hauts fonctionnaires et hommes d’État se rendant auprès des institutions européennes. De même, attaquer le terminal accueillant les voyageurs en partance pour les États-Unis est une manière de menacer indirectement ce pays.
Le quartier de Maelbeek abrite notamment le Conseil et le Parlement européens ainsi que le siège de la Commission européenne, trois parmi les plus importantes institutions de l’Union.
Une très forte coopération judiciaire est en cours entre la France et la Belgique pour continuer les investigations des attentats de Paris. Elle devra l’être encore davantage pour cerner les réseaux et les responsables des sanglantes attaques de Bruxelles.
Dernière minute
À peine plus d’une semaine après les attentats, les enquêtes ont avancé et prennent désormais une tournure très européenne avec des arrestations et inculpations en Italie et aux Pays-Bas. C’est notamment là-bas qu’a été arrêté un Français ayant séjourné en Syrie et qui projetait de commettre prochainement un attentat en France.
Mais les forces de polices belges sont toujours sur les traces d’un quatrième terroriste qui aurait quitté l’aéroport de Zaventem sans faire exploser la charge qu’il détenait. Et qui était la plus importante des trois… évitant ainsi des dégâts et un nombre de victimes encore plus grand.
Au sujet des malheureuses victimes, le bilan est porté à trente-cinq personnes décédées dont quatre des suites de leurs blessures.
De nombreux étrangers figurent parmi elles – Néerlandais, Britannique, Américains et un Français, ancien ambassadeur de France en Belgique.
Trois cent quarante personnes ont au final été blessées dont moins d’une centaine reste toujours hospitalisées.
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