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Trump président : les quarante-cinq premiers jours

Trump président : les quarante-cinq premiers jours

07-03-2017 à 23:29:45

En ces jours, l’ambiance politique aux États-Unis est assez surréaliste.

 

D’abord parce que, contrairement à la surmédiatisation euphorique succédant à l’élection du président Obama en 2008, le président Trump est la cible de multiples critiques de la part de la majorité des médias. Le climat rappelle aussi l’atmosphère de films d’espionnage avec les informations rapportant des rencontres supposées interdites entre des personnalités de l’administration Trump et des officiels russes ou encore les toutes dernières accusations du nouveau président vers son prédécesseur : Obama aurait fait mettre sur écoute1 les conversations du président Trump et utiliserait des fonctionnaires lui étant encore favorables pour diffuser des informations confidentielles et causer du tort au nouveau dirigeant. 

Quoiqu’il en soit, il existe bien un brouillard d’informations à partir duquel il est difficile de se faire une idée objective de la situation. Essayons donc d’y voir plus clair en s’appuyant sur les faits, comme les actions initiées par le président Trump pour lesquelles la matière ne manque pas2. Entre ses Executives Orders3 et ses déclarations, on peut en effet identifier des tendances fortes dont certaines sont déjà concrétisées. Dans le domaine économique, il veut de dynamiser le commerce et l’emploi au profit des Américains. Pour cela, le président entend motiver les entreprises pour qu’elles fabriquent leurs produits aux USA plutôt qu’à l’étranger, notamment en allégeant la taxation sur les entreprises. Il entend aussi diminuer la dette du pays, régulièrement désignée comme la plus grande menace pour la sécurité nationale4.

Dans le domaine de la sécurité même, il veut que les lois interdisant aux immigrés clandestins d’évoluer librement dans le pays soient appliquées, et étend la traque des criminels, notamment pour arrêter les trafiquants de drogue, dont le sombre commerce mine une partie croissante de la jeunesse américaine.

Vis-à-vis de l’étranger, il souhaite que l’accès aux USA soit durci depuis des pays à majorité musulmane dont il considère les systèmes de filtrage insuffisants pour empêcher des terroristes de venir aux États-Unis. Parallèlement, il s’apprête à signer un plan pour intensifier la lutte contre L’État islamique.

 

Trump veut, entre autres, reformer l’éducation (ex. : garantir le droit, pour les parents qui le souhaitent, de scolariser leurs enfants chez eux) et encourager la promotion de l’innovation.

Sur le plan sociétal, il s’attaque au système controversé de couverture sociale établi par son prédécesseur (l’Obamacare) considéré comme trop coûteux et a fait arrêter le financement public soutenant les organisations promouvant l’avortement5.

La prudence est toujours de mise lorsqu’on s’informe : comme de nombreux organes de presse influents ne sont pas les alliés de Trump, l’information qu’ils délivrent, à l’égard de son administration, n’est pas forcément objective. Les médias ont un parti pris naturel, étant traditionnellement plutôt démocrates (de Gauche) que républicains (de Droite), comme Trump.

De plus, la façon de faire de Donald Trump, consistant jusqu’à maintenant à dire ce qu’il pense et faire ce qu’il dit, ne correspond pas forcément à ce que les médias attendent. Ils sont plutôt habitués à un double langage de la part des politiciens (décalage entre ce qu’ils disent et ce qu’ils font… ou ne font pas), ce qui les déstabilise et peut aussi alimenter une certaine mauvaise foi de leur part.

Enfin, de nombreux médias prennent aussi conscience que Trump n’a pas vraiment besoin d’eux pour diffuser ses idées, car il les contourne en utilisant efficacement les réseaux sociaux pour communiquer directement avec la population. Le problème des médias est, en revanche, qu’ils ne doivent pas se couper totalement du pouvoir, car ils risquent de ne plus avoir accès aux informations officielles (des médias accusés de diffuser de fausses informations se sont ainsi vu interdire l’accès à certaines conférences de presse de la Maison blanche6). 

Bien entendu, les positions de Trump ne sont pas partagées par tous les Américains. En revanche, il est bien président de tous les Américains. Son discours du 1er mars devant le Congrès, dont l’objet était de faire le bilan de son action depuis son élection, a ainsi été salué par bon nombre d’élus, ses partisans bien entendu, mais aussi dans les rangs des indifférents et des opposants7, comme un discours unificateur qui lui permettrait de gouverner « pendant huit ans s’il le prolongeait »8. Il a promis de rendre le pouvoir au peuple, que « les Américains ne seraient plus jamais ignorés » et « qu’un nouveau chapitre de la grandeur américaine s’ouvrait ». À suivre donc ! Pour le moment, il tient ses promesses, qualité qu’on peut lui reconnaître tant elle n’est pas commune à tous les présidents. 

La prochaine étape sera de suivre les modalités pratiques qui permettront de concrétiser certaines des réformes annoncées par un président, dont un des défauts est de se montrer avare sur les détails de leur réalisation, point faible de sa communication.

 

1 Faire écouter illégalement des conversations secrètes. Cela rappelle le scandale du « Watergate » en 1972 qui fut une histoire d’écoutes secrètes des conversations du parti démocrate et qui a contribué à la résignation du président Nixon.  2 « Il a plus fait en quarante-cinq jours qu’Obama en huit ans » dixit Eric Bolling, journaliste à Fox News.3 Ces « ordres exécutifs » sont des directives écrites par le président qui ont parfois valeur de loi, mais, plus souvent, fixent l’orientation du travail de l’administration. 4 Appartenant en partie à des pays tiers, cette dette crée une situation de dépendance des États-Unis qui peut limiter leur autonomie de décision.

5 Son adjoint, le vice-président, Mike Pence, a défendu le droit à la vie des plus petits lors de son discours au début de la Marche pour la vie à Washington le 27 janvier 2017.Elles constituent pourtant des moments très attendus : elles permettent aux journalistes de recueillir les informations officielles relatives aux actions du gouvernement.7 Opinion défendue par CNN, chaine de télévision très opposée au président mais qui a reconnu cette vertu de son allocution.8 Anthony Van Jones, démocrate et ancien conseiller du président Obama, classé en 2009 comme l’une des cent personnes les plus influentes du monde par le magazine Time.

 

Actuailes n° 65 – 8 mars 2017

 

 

 

 

 


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