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Une loi pour la biodiversité ?

Une loi pour la biodiversité ?

08-04-2015 à 17:18:16

Le mot évoque la diversité de la vie, de l’homme et de tous les vivants. Or, il n’y a pas de vie sans eau.

Réfléchissons sur la thématique de l’eau et ce que cela implique pour la biodiversité.

D’un coté, le mot biodiversité nous renvoie à notre plaisir dêtre dans la nature. Il est bon d’éprouver des émotions devant la beauté des animaux sauvages, des oiseaux, des fleurs, des paysages. Tout ce qui est beau tire tout notre sensibilité vers le vrai. Tout cela est bon. Mais n’y aurait-il pas une forme de concurrence entre l’homme et la biodiversité pour se partager l’eau disponible sur la Terre ?

Les besoins en eau pour les hommes

Chaque homme consomme 10 m³ d’eau par an en boisson, en cuisine, etc. Mais il est obligé d’en prélever dix fois plus à cause des diverses pollutions. La vaisselle, la toilette, l’arrosage de nos potagers, sont des gestes qui renvoient de l’eau dans la nature après un recyclage et une épuration. Cela représente 100 m³ par habitant. Les industries qui produisent nos biens de consommation manufacturés en consomment le double. Mais, tout cela n’est rien à côté de l’eau nécessaire à notre alimentation. Il en faut 1000 m³ par an et par habitant ! L’essentiel provient de l’eau de pluie, le reste provenant, dans certains pays, de l'irrigation.

Les ressources en eau de la planète

Elles sont considérables. Ramenées à chacun des 7 milliards d’habitants, il pleut sur les seuls continents 17 000 m³ par habitant et par an ! L’essentiel, environ 60 %, s’évapore, soit directement, soit à travers la respiration des plantes, y compris celle des cultures dont nous nous nourrissons. Le reste s’écoule, soit en surface pour rejoindre les fleuves, soit sous terre, dans les nappes phréatiques dont une partie réalimente les fleuves sous formes de sources. Ces écoulements représentent environ 6 500 m³ habitant et par an ! Cela représente près de trente fois plus que ce qu’il faut prélever pour les hommes, sans compter la pluie qui tombent sur les surfaces agricoles. On pourrait conclure qu’il n’y a pas de problème d’eau, mais seulement un problème d’accès à l’eau. Il y a tout de même deux questions à se poser : que devient l’eau inutilisée ? Sera-t-elle disponible pour la population qui s’accroît ?

Les besoins en eau pour le futur

D’ici 2050, les besoins en eau de la population vont devoir augmenter :

  • parce que la population va augmenter de 2 milliards d’habitants
  • parce qu’il est inacceptable de laisser 800 millions de personnes sous alimentées
  • parce que, légitimement, les modes de consommations sont appelées à évoluer (plus de viandes, etc.).

On estime qu'il faut à peu près doubler la production actuelle et, en conséquence, pratiquement doubler les besoins en eau.
Il existe plusieurs solutions : on peut augmenter le rendement en eau de l’agriculture, par exemple avec des semences sélectionnées pour résister à la sécheresse. Cela ne suffira pas. On peut dessaler l’eau de mer. Ce serait possible pour l’eau du robinet, mais impossible pour les quantités nécessaires à l’agriculture. On peut utiliser l’eau de mer en développant les élevages de poissons, la récolte des algues, l’utilisation des insectes pour la nourriture animale. Mais surtout, on pourrait encore investir dans des barrages pour récolter toutes l’eau des crues.

Cette dernière solution renvoie à une autre question : s’il n’y a pas de déficit d’eau, que devient l’eau, par exemple, la quantité considérable des crues ? Certes, les inondations peuvent provoquer des dégâts pour l’homme. Mais elles sont aussi un bienfait pour la biodiversité !

Les besoins en eau de la biodiversité

Un géographe, Ghislain de Marsilly, le dit : « On peut dire que la vie est tellement efficace, qu’elle va utiliser jusqu’à la moindre des dernières gouttes toute l’eau qui est apportée dans les écosystèmes ».
Cela veut donc dire qu’à chaque fois que l’homme récupère plus d’eau pour ses besoins, il en retire à la biodiversité. S’il faut faire un choix, il faut donc les faire en fonction d’une philosophie. Laquelle ?

Comment gérer l’eau entre la biodiversité et l’homme ?

La population mondiale doit-elle continuer à augmenter ? Tous les biologistes le savent : les populations d’être vivants dépendent de multiples facteurs. Mais, sans multiplication, la vie meurt. C’est une loi biologique inscrite dans la nature.
L’homme est-il le maître de la nature ? Contrairement à ce que tout le monde pense facilement, il faut se faire à cette idée. La biodiversité ne se gère pas dans un musée. Le but n’est pas de « préserver » la biodiversité et de la mettre sous une cloche. Comment raisonnaient nos ancêtres ? Toute l’agriculture pluviale que nous exploitons aujourd’hui s’est construite aux « dépens » des écosystèmes naturels : ce sont les moines des VIIIe au XIIe siècles qui, dans le bassin de Paris, se sont installés dans des « zones humides ». Les moines ont défriché les forêts avoisinantes et ont construit tous les paysages que nous avons en terres agricoles. Pour broyer en farine les céréales produites, ils ont aménagé les cours d’eau, construits des moulins et des biefs, des canaux de dérivation captés sur le cours d’eau pour arroser les vallées d’implantation. Ainsi, dans un monde où la croissance démographique était forte, les fonds de vallée trop humides, souvent marécageux, avaient longtemps constitué des zones répulsives. Elles sont, aujourd'hui, devenues de véritables zones sacrées.

Conclusion

L’exposé des motifs annonce bien que la loi veut « concrétiser un changement de paradigme », c’est-à-dire changer les références culturelles.
Certes, il appartient à l’homme de connaître la capacité des écosystèmes à évoluer au fur et à mesure du développement de l’homme. Oui, l’homme doit considérer que la biodiversité est une ressource qu’il doit maîtriser à la mesure de ses besoins.
Mais, la loi a-t-elle raison, dans l’article 2 , de parler d’un « principe de solidarité écologique » pour en faire un principe moral ? C’est oublier le sens du mot solidarité : Le mot vient du latin in solidum, évoquant le lien de deux personnes vis-à-vis d’une même dette ? Or, l’homme n’a pas la même dette que l’animal vis-à-vis de la nature. L’homme est à part dans la création et aucun vivant ne lui était réellement « assorti », c’est-à-dire ayant le même but (« ad ») et le même destin (« sors ») que celui de l’homme.

Stanislas de Larminat

Pour aller plus loin, cliquer ici.(http://jeunes08.les2ailes.com)

Mots compliqués

Thématique : Le mot vient du grec tithemi (« placer »). Il s’agit, dans ce sens, de placer au bon niveau une idée qu'on développe dans un discours ou dans un ouvrage.

Manufacturé : Vient des mots latins manus (« main »), facio (« faire ») avec le suffixe -ura. Un produit manufacturé est fait « à la main» . Mais dans les siècles récents, la machine a remplacé la main, et on a conservé le mot pour les produits même s’ils sont industriels.

Nappe phréatique : Mot venant du grec ancien phréar (« puits ») et du suffixe -ique. Une nappe phréatique est souterraine et on peut en tirer de l'eau en creusant des puits.

Rendement : Du latin prendere (« prendre », « saisir »). Le rendement est le résultat de ce qu’on arrive à saisir grâce à un artifice mis en œuvre. On peut tirer un rendement d’un investissement, d’une machine, et même d’une ressource humaine. Le risque est alors d’assimiler l'homme à une machine. Mais ce n’est pas une raison pour mépriser le concept de rendement qui est un bon indicateur de la créativité humaine.

Écosystème : Ce mot vient de deux termes grecs : oikos qui signifie « maison » et  sustêma qui signifie « assemblage, organisation » et qui a donné « système ». L'association de ces deux termes est récente et signifie donc, d’après son étymologie « organisation de la maison». Un écosystème est un ensemble de facteurs dont jaillit la vie. On peut aller jusqu'à dire que le premier écosystème pour l'homme est la famille.

Mettre sous cloche : Chacun connait la forme d’une cloche et même d’une cloque. Si on pose la cloche au sol, il est difficile de la soulever et rien de ce qui est mis sous la cloche ne peut en sortir. On met sous cloche quelque chose qu’on veut préserver des influences extérieures.

Démographie : Mot venant de deux mots grecs : demos, (« peuple, population ») et graphein (« écrire »). La démographie est une science consistant à décrire les phénomènes de population. Elle mesure les taux de natalité, de mortalité, de fécondité, pour prévoir, par exemple, la croissance ou l’extinction d’une population.

Paradigme : Le mot vient du grec paradeigma (« modèle », « exemple »). Un paradigme est donc une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde, une forme de rail de la pensée dont les lois sont souvent rattachées à celles d’idéologies ambiantes. Pendant des siècles, on a vécu dans le « paradigme » d'une création ayant vocation à être maîtrisée par l’homme. L’écologie change le paradigme et voudrait que l’homme ne soit qu’un animal parmi l’ensemble de la biodiversité.

Dette : Mot venant du verbe latin debere (« devoir »). Ce mot est utilisé dans tous les échanges entre personnes : quand j'empreinte quelque chose, je dois (verbe devoir) le rendre. J’ai une dette, envers celui qui m'a prêté (mon débiteur).


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