Moins de cent ans après l’indépendance des USA, la « Civil War » (= guerre civile[1], 1861-1865) éclate entre les vingt-cinq états du Nord et les onze états du Sud en raison de désaccords sur les droits des états et sur l’esclavage, pratiqué principalement dans le sud. En France, ce fratricide national qui fauchera 625 000 personnes[2] sur une population de 30 millions renvoie souvent à la bataille de Gettysburg[3]. Mais pourquoi au juste ?
Commencée par hasard (aucun chef n’ayant ordonné les premiers coups de feu !), cette bataille opposa du 1er au 3 juillet 1863 les « Gris »[4] du général Lee aux « Bleus » du général Meade et s’acheva par une victoire décisive pour le Nord.
Les mille quatre cents monuments qui émaillent aujourd’hui le champ de bataille (à 1h30 au nord-ouest de Washington dans la belle campagne de Pennsylvanie) entretiennent le souvenir des 160 000 hommes qui s’y entretuèrent et le sacrifice des 30 000 morts qui jonchèrent prairies et sous-bois après la bataille. Ils marquent surtout combien l’une des batailles les plus sanglantes de la guerre en fut le tournant. Qu’en retenir ?
La victoire tint à peu de chose. L’une des extrémités de la ligne de défense nordiste était tenue par le colonel Chamberlain. Malgré la perte de quarante de ses quatre cents hommes, il ne perd pas courage et ordonne une contre-attaque à la baïonnette qui permet la capture de trois cents sudistes et un succès local. Un mythe[5], qui n’enlève rien au courage de tous, rapporte que si les Sudistes avaient gagné à cet endroit précis ils auraient pu contourner les forces nordistes, gagner la bataille, et ainsi marcher sur Washington pour, peut-être, gagner la guerre. Plus certainement, l’issue de la bataille découla de la décision fatale du général Lee, prise après les échecs rencontrés lors des actions sur les flancs, de frapper le centre du dispositif nordiste : c’est la célèbre « charge de Pickett ». Plus que la fatigue et la chaleur (il fait alors 32°), c’est la ruse nordiste qui importe : pris sous le feu des canons sudistes précédant la charge, les Bleus font cesser progressivement le tir des leurs pour simuler leur destruction. Pensant l’adversaire assommé, les 12 500 Gris s’élancent alors à découvert sur plus de mille mètres quand le feu meurtrier des canons bleus reprend et les déciment.
Le lendemain alors que Lee attend en vain une attaque des Bleus, une autre victoire nordiste eut lieu à Vicksburg grâce au célèbre général Grant. Deux victoires majeures marquèrent donc le 4 juillet, jour anniversaire de la déclaration d’indépendance. Néanmoins, comme Meade ne poursuivit pas Lee, l’armée de ce dernier put battre en retraite et se réorganiser pour combattre encore deux ans.
Le président nordiste Lincoln vint sur le champ de bataille deux mois plus tard et prononça son célèbre discours de Gettysburg, moment fondateur des États-Unis modernes : il y rendit hommage aux combattants (« le monde retiendra peu ce que nous disons ici mais n’oubliera jamais ce qu’ils ont fait là »), souligna le rôle des vivants (œuvrer pour que le pays ne « disparaisse pas de la face de la Terre ») en souhaitant que la « liberté renaisse sous le regard de Dieu ». Moins de cent ans plus tard, les États-Unis allaient tenir le rang de première puissance mondiale.
[1] L’appellation « guerre de sécession » n’est pas employée aux États-Unis.
[2] Soit autant de morts que le cumul de tous ceux tombés dans les autres guerres auxquelles ont participé les USA. À titre de comparaison : 400 000 pendant la Seconde Guerre mondiale, 60 000 au Vietnam, 5 000 en Irak.
[3] Film intéressant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gettysburg_(film)
[4] Surnom découlant des couleurs qui distinguaient les uniformes Bleus = Nordistes, Gris = Sudistes.
[5] Interprétation historique plus ou moins inventée pour donner davantage d’importance à un évènement, une période.
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