Songeuse, appuyée sur un coussin de velours grenat, une jeune femme prend la pose. De dos et de trois quarts, elle nous laisse admirer la robe qu’elle porte, d’un magnifique bleu profond, bel arrangement de drapés et de plis s’échappant d’une ceinture de la même étoffe. La robe dégage les bras et les épaules. La dentelle noire qui borde l’encolure et les emmanchures met en valeur la carnation de la peau. Les cheveux sont relevés en un chignon simple et maintenus par un ruban.
Le visage est en partie dans l’ombre, la main droite en cache le bas, tandis que la gauche tient nonchalamment un éventail qui apporte la seule touche rouge du tableau. Le reste de la palette utilisée est très sobre, surtout des bruns et des ocres, du noir aussi, appliqués en larges et énergiques coups de pinceaux pour suggérer le décor et laisser toute la place à cette figure élégante.
D’une certaine manière, en représentant un atelier, Corot nous parle aussi de son métier, de son environnement quotidien, alors qu’il peint ici une de ses dernières toiles, à 78 ans. Deux tableaux entourent le modèle. À sa gauche, une toile achevée ; celle de droite n’a, en revanche, pas encore de cadre. Peut-être le peintre considère-t-il qu’il doit encore la reprendre. Tous les deux sont des paysages. Ils constituaient d’ailleurs l’essentiel de la production du peintre, qui gardait le plus souvent pour lui les portraits qu’il réalisait, comme un jardin secret. On devine un chevalet en bordure de toile.
Sophie Roubertie
Actuailes n° 86 – 30 mai 2018
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