Le 17 janvier 2018, le Premier ministre Édouard Philippe annonçait l’abandon définitif du projet d’aéroport à proximité de Nantes (Loire-Atlantique), sur la commune de Notre-Dame-des-Landes. Ainsi se termine un feuilleton qui aura duré cinquante-cinq ans et dont Actuailes vous livre les tenants et les aboutissants.
Quel projet d’aéroport ?
En 1963, le projet de construction d’un aéroport international à proximité de Nantes voit le jour. Le but est de transférer une partie des activités de l’aéroport de Nantes, qui arrive bientôt en limite de capacités, vers ce nouvel aéroport. Le début des travaux était prévu en 2013. En vue de cette construction, une zone d’aménagement différé (ZAD) à vocation aéroportuaire (c’est-à-dire une zone sur laquelle un aéroport sera construit) est créée sur un terrain à côté de Notre-Dame-des-Landes.
Pourquoi n’a-t-il pas vu le jour ?
La construction de l’aéroport aurait provoqué la destruction de deux zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique, c’est-à-dire comportant des espèces animales et végétales qui peuvent être rares ou menacées comme le triton crêté ou le campagnol amphibie.
Par ailleurs, les riverains de la ville de Notre-Dame-des-Landes étaient aussi farouchement opposés au projet en raison des nuisances sonores qu’auraient provoquées les avions.
De plus, certains opposants affirmaient que l’aéroport de Nantes n’était pas encore arrivé à saturation mais avait encore des capacités d’accueil possibles.
Enfin, le gouvernement a estimé que ce projet avait duré beaucoup trop longtemps et qu’il était temps de prendre une décision.
Pourquoi la décision du gouvernement d’annuler le projet est-elle critiquée?
En juin 2016, le gouvernement organise un référendum auprès de tous les habitants du département de Loire-Atlantique pour savoir s’ils sont favorables au projet d’aéroport. Le « oui » l’emporte avec 55,17 % des voix pour un taux de participation de 51,08 %. Malgré cela, les oppositions persistent et le gouvernement poursuit les négociations.
De plus, la ZAD est occupée par des opposants farouches, appelés « zadistes », qui empêchent certaines personnes d’y accéder en montant des barrages sur des routes pour les bloquer totalement. La ZAD est ainsi devenue une zone de non-droit, c’est-à-dire que les « zadistes » agissent comme ils l’entendent sans respecter le droit français (la liberté de circuler sur les routes, le droit à la propriété des riverains...)
Au regard de ces éléments, la décision du gouvernement ne respecte pas l’avis de la population et le résultat du référendum. Surtout, l’abandon du projet d’aéroport peut donner l’impression que les « zadistes » ont eu gain de cause et que l’ordre et la loi ne sont pas respectés. Cela pourrait donner un mauvais signal à toute personne s’opposant aux projets de construction des élus et surtout cela pourrait faire décroître encore davantage la confiance des Français envers leurs gouvernants et leur capacité à respecter leurs promesses.
Maintenant que la décision a été prise, les Français attendent une contrepartie : la fin de la zone de non-droit dans la ZAD et l’évacuation ferme par les forces de l’ordre des « zadistes », dont une partie n’est présente que pour défier l’ordre et créer le désordre.
Cela montrera que l’abandon du projet n’est peut-être pas un abandon du gouvernement, mais une décision justifiée par un contexte différent de celui de 1963.
François Senlis
Actuailes n° 80 – 31 janvier 2018
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