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Situation tendue au Liban

Situation tendue au Liban

14-11-2017 à 22:05:58

Le 4 novembre dernier, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, annonçait, à la surprise générale, sa démission, sur fond de rivalités entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Cet épisode fait entrer le Liban dans une zone de turbulences.

 

Une démission surprise

Au Liban, le Premier ministre est traditionnellement un musulman sunnite (voir Actuailes nos 62 et 44, à propos des différents courants de l’islam et de la répartition des pouvoirs au Liban) : Saad Hariri a ainsi succédé à son père. Il est proche des Saoudiens, avec lesquels il entretient des relations politiques, économiques et personnelles fortes. Mais un coup de théâtre est intervenu au début du mois. Appelé le 2 novembre pour se rendre en Arabie saoudite, Saad Hariri, une fois sur place, se trouve humilié et sommé de démissionner. Ce qu’il consent à faire le 4 novembre dans une allocution télévisée. Se pose alors la question de sa liberté de mouvement : est-il en résidence surveillée et quand pourra-t-il revenir au Liban ?

Le Hezbollah en ligne de mire

Après la guerre du Liban (1975-1990, voir Actuailes n° 43), une seule milice a réussi à garder ses armes. Il s’agit du Hezbollah, milice chiite alliée de l’Iran. Bien installée au sud du pays, elle a mené des combats contre Israël, en particulier en 2006. Elle est actuellement aux côtés des Russes en Syrie afin de soutenir Bachar el-Assad. Or, cette guerre en Syrie a causé beaucoup de morts dans les rangs du Hezbollah. De plus, il est à craindre que cette milice puisse revenir au Liban avec beaucoup d’armes quand la guerre prendra fin en Syrie. Ennemis jurés des Iraniens, les Saoudiens ont donc choisi ce moment pour tenter d’affaiblir le Hezbollah. Pour cela, ils souhaitent disposer d’un Premier ministre libanais plus fort, car ils jugent Saad Hariri trop faible face au Hezbollah.

L’engrenage de la guerre ?

Cette démission aussi soudaine que mystérieuse a attisé les tensions au Liban, pays friand de rumeurs et où les relations entre communautés religieuses peuvent être difficiles. Le président de la République, le chrétien Michel Aoun, a refusé la démission de son Premier ministre et demandé des explications à l’Arabie saoudite. Des manifestations ont éclaté afin de protester contre cette pression extérieure dans les affaires intérieures libanaises. Cette situation fait planer le risque de nouveaux affrontements dans ce petit pays ami de la France. En effet, il est à craindre que Saoudiens et Iraniens aient la tentation de venir y régler leurs comptes, par alliés interposés.

Espérons que le bon sens et les pressions des États-Unis et de la France sur l’Arabie saoudite feront revenir ce pays à plus de retenue. Mais les Saoudiens ne sont-ils pas déjà allés trop loin ? Les prochains jours seront déterminants, à commencer par les conditions du retour à Beyrouth de Saad Hariri.

 

Julien Magne


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