C’est arrivé un 10 mai 1794 : mort de Mme Elisabeth sous le couperet de la guillotine.
L’accomplissement du devoir, la piété calme et sincère, la bienfaisance sans affectation, la dignité sans raideur, le courage sans faste : voici, décrit en quelques mots, l’essentiel de la vie d’Élisabeth Philippine Marie Hélène de France, dite Madame Élisabeth, princesse dont la vie exemplaire fut injustement occultée par l’Histoire.
En ce jour du 10 mai 1794, la foule massée autour de l’échafaud attend les condamnés. Parmi ceux-ci, Madame Élisabeth, sœur du roi Louis XVI, qui sera la dernière à être exécutée. Dès la sortie des charrettes de la Conciergerie, la foule crie et vocifère à son habitude... mais lorsqu’elle voit la frêle jeune fille en blanc, calme, un fichu sur la tête, incitant ses camarades de charrette à rester dignes dans la foi, calmes et sereins, les exhortant à être bienheureux de quitter « cette terre où il n’y a aujourd’hui que tourments et douleurs », cette foule se tait.
Les révolutionnaires acharnés souhaitent la voir faiblir, mais elle reste digne, récite le De Profundis et semble quitter ce monde sans regret, tout à l’espérance de se « retrouver dans le sein de Dieu », « avec sa famille ».
Plusieurs témoins affirment même qu’à l’instant où Madame Élisabeth fut guillotinée, une odeur de rose se répandit.
En 1795, Madame Royale apprit la mort de sa tante et déclara qu’elle espérait qu’« un jour elle serait mise au rang des saintes », car Madame Élisabeth vécut et mourut comme telle.
Endeuillée dès son plus jeune âge par la mort de ses parents, elle reporte toute son affection sur ses frères et sœurs et plus particulièrement sur le futur Louis XVI.
Bénéficiant d’une instruction complète, elle est passionnée par les mathématiques et les sciences. Également sportive, passionnée d’équitation, elle adore suivre ses frères à la chasse. Artiste, elle montre de réelles dispositions pour le dessin. Elle partage avec son frère Louis-Auguste le goût de la lecture et possède une bibliothèque très fournie de 2 075 volumes sur l’Histoire antique, la politique… Vive, active et rapide, elle étonne son entourage par la diversité de ses talents et la fermeté de son caractère.
Devenue une très belle jeune femme, on peut espérer lui voir contracter une belle alliance. Mais aucun des projets de mariage ne se concrétise, à son grand soulagement, car elle ne souhaite pas se marier. Un jour, la princesse déclarera : « Je ne puis épouser que le fils d’un roi et le fils d’un roi doit régner sur les États de son père. Je ne serais plus française et je ne veux pas cesser de l’être. Mieux vaut rester ici, au pied du trône de mon frère, que de monter sur un autre ».
Désormais, sa vie sera consacrée aux autres. D’une grande piété, elle s’occupe des nécessiteux dans son domaine de Montreuil ; à Versailles, elle se dévoue entièrement à son frère qui a en elle la plus extrême confiance, fondée sur l’estime due à ses vertus.
Elle ne veut pas être mise de côté et cherche à être utile, à être actrice des événements et non à les fuir, à donner un sens à son existence. C’est ainsi que sa vie d’abnégation prendra tout son sens au cours de la période révolutionnaire lorsqu’elle choisira de rester auprès de la famille royale afin de la soutenir et ce jusqu’au martyre.
La cause de sa béatification vient d’être relancée. Plusieurs messes seront dites le jour anniversaire de sa mort.
Actuailes n° 69 – 10 mai 2017
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