« Alors Jésus fut emmené au désert par l’Esprit, pour être tenté par le diable » (Matthieu 4, 1-2). La première grande scène du Carême nous conduit avec Jésus au désert. Qu’est-ce qu’un désert ? Le désert est un lieu de solitude, un lieu d’épreuve, mais aussi un lieu de solidarité.
Lieu de solitude, car le désert est un lieu que n’habite pas le commun des hommes. Rien n’invite à l’installation de la vie humaine : on y trouve difficilement de quoi s’abriter, sinon au fond d’obscures cavernes. Peu ou pas de nourriture : le gibier y est rare et la végétation est quasi inexistante. La seule vie qu’on rencontre – et qu’il vaut mieux éviter –, ce sont les bêtes sauvages. Chaleur écrasante le jour, froid très dur la nuit : les splendides ciels étoilés ne peuvent faire oublier la rigueur d’un climat qui ne convient pas à des mammifères comme les hommes, mais seulement aux animaux à sang froid comme les serpents et les scorpions…
Lieu d’épreuve, car au désert l’homme se rencontre lui-même. Dans la solitude, il se retrouve face à lui-même. Il ne peut se détourner. Il voit combien il est faible et méchant. Et le Tentateur en profite pour venir troubler l’homme et l’éprouver en le tentant. « Es-tu si sûr de ton Dieu ?, susurre le Démon à l’oreille de l’homme. Regarde combien tu es seul. Ne devrait-il pas t’aider dans ta détresse ? » À ce moment, l’homme est en danger : s’il écoute le Démon, il perd confiance en Dieu. C’est ce qui est arrivé à Adam au jardin d’Éden. Le Christ au désert a voulu relever le défi lancé par Satan, en soutenant l’interrogatoire du Malin.
Lieu de solidarité, car ceux qui gagnent le désert savent qu’ils ont besoin les uns des autres. Au désert, on fait attention à ses compagnons de marche, aux bêtes qui nous accompagnent, à la nourriture et à l’eau surtout. L’homme, qui se sent tout petit quand il est seul au désert, sait qu’il peut tout avec ses compagnons.
Au début du Carême, Jésus m’invite avec lui au désert. Suis-je décidé à le suivre ? Mon Carême doit ressembler à un désert, avec sa solitude, ses épreuves et la fraternité qui relie tous ceux qui mènent le même combat spirituel.
La solitude, je dois la rechercher dans la prière. « Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là, dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Matthieu 6, 6). L’épreuve, c’est la rudesse de ces six semaines de préparation à Pâques, pendant lesquelles je dois m’efforcer de lutter contre mes mauvais penchants (colère, paresse, gourmandise, grossièreté, etc.) et offrir des « sacrifices spirituels » (prière, jeûne, bonnes œuvres, aumônes) qui plaisent à Dieu. La fraternité, c’est l’assurance que je ne suis pas seul dans ce combat au désert, mais qu’avec moi un milliard de chrétiens se préparent à fêter la Résurrection du Seigneur.
Alors, courageusement, suivons Jésus au désert !
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