La nuit tombe, la pièce s’obscurcit, naturellement vous appuyez sur l’interrupteur pour l’éclairer, sans savoir que, derrière l’alimentation de l’électricité, se cache un grand groupe appelé EDF.
Créée en 1946 à la sortie de la guerre, EDF a été fondée par la nationalisation (rachat forcé par l’État) d’environ 1 500 entreprises de production, de transport et de distribution d’énergie. Cette création était la volonté du conseil national de la Résistance et suivait des principes d’économie planifiée.
EDF a, pendant de nombreuses années, été en situation de monopole en France. C’est autour d’elle qu’a été construit le parc nucléaire français dans les années 1970. Mais aujourd’hui le groupe a trois défis importants à relever.
Tout d’abord, de nouveaux concurrents sont apparus, conséquence des impulsions européennes de la fin des années 1990. Des acteurs comme Direct Énergie (qui compte près de 3 millions de clients) ont donc pris des parts de marché à EDF en offrant des tarifs moins chers, leur structure de coût étant plus légère et leur organisation plus réactive. Des acteurs étrangers sont également présents sur le territoire, comme l’Italien ENI. Casino, comme d’autres grands de la distribution, en souffrance sur son marché initial, s’est également lancé en fin d’année dernière, par l’intermédiaire de sa filiale Cdiscount. Total Spring aussi s’y est mis. L’ancien monopole public garde toujours près de 85 % de parts de marché, mais ce chiffre s’érode année après année.
EDF a également des plans d’investissements majeurs à mettre en œuvre sur le nucléaire. Le « grand carénage » représente un budget total de près de 60 milliards d’euros et permettrait d’augmenter la durée d’utilisation des cinquante-huit réacteurs nucléaires français.
EDF doit aussi développer toute une filière renouvelable (solaire et éolien surtout, qui comptent pour 6 % de la production française du groupe). Ceci représente des investissements énormes. De plus, les gains de productivité sur le solaire sont importants et les coûts de production (les rayons du Soleil sont gratuits !) sont faibles. Cette énergie rentre donc en concurrence avec le nucléaire, cœur de métier d’EDF. L’éolien a, quant à lui, un équilibre économique moins solide et est très décrié pour son impact sur la beauté de nos paysages.
Face à toutes ces problématiques, EDF a dû, l’an dernier, chercher des fonds nouveaux sur les marchés.
Outre ces changements de modèle, EDF a une gouvernance complexe : son principal actionnaire (85 %) est l’État. Or, il doit veiller au développement de la concurrence (qui gêne EDF) et est réticent à augmenter les tarifs de l’électricité vis-à-vis du grand public (ce qui amènerait un ballon d’oxygène au groupe). L’ancien monopole marche sur des œufs…
Xavier de Corsac
Actuailes n° 83 – 4 avril 2018
Actuailes 2024 © Tous droits réservés. Conditions d'utilisation with & by Website-modern - Se connecter