Dans le dernier numéro d’Actuailes, nous revenions sur le terrible attentat contre une caserne de Gao, qui avait fait environ quatre-vingt morts. Cela signifie-t-il pour autant que le Mali va de nouveau connaître la guerre ?
En réalité, cette attaque souligne davantage que la paix n’est pas encore gagnée, en dépit des efforts français sur le terrain.
Contre les islamistes
En janvier 2013, l’armée française met en place une opération éclair – Serval – et intervient victorieusement au Mali pour bloquer, puis repousser des terroristes islamistes qui avaient pris le contrôle du nord du pays, appelé Azawad. Ces derniers menaçaient de descendre sur la capitale Bamako, où résident de nombreux Français. L’opération Barkhane a ensuite pris le relais en août 2014 afin d’étendre la lutte contre le terrorisme sur cinq pays : Tchad, Burkina Faso, Niger, Mali et Mauritanie.
L’armée française déploie plusieurs milliers de soldats sur le terrain, des hélicoptères, des avions de chasse ou encore des drones. Aux côtés de leurs camarades maliens, les soldats français mènent chaque jour des opérations pour interdire aux djihadistes de se regrouper, mais également pour construire la paix, à travers de petits projets de développement (construction de puits, dons de matériel scolaire, aide médicale à la population).
Un accord de paix qui n’avance pas
Afin de reconstruire la paix au Mali, un accord a été signé à Alger en 2015 entre le gouvernement et les anciens rebelles. Il visait à reconstruire la confiance entre les anciens ennemis par des mesures de bon sens. Il devait également permettre d’assurer un meilleur développement du Nord. Malheureusement, même si une majorité des Maliens désire la paix, des gens puissants ne la veulent à aucun prix. Il s’agit soit d’hommes politiques du sud du pays qui rêvent d’une revanche contre le Nord, soit de trafiquants qui profitent de la faiblesse du gouvernement malien. Ainsi, le Nord est le théâtre de nombreux trafics : drogue, cigarettes, migrants... Et puis certains islamistes n’ont pas dit leur dernier mot et ont étendu leurs attaques aux pays voisins du Mali.
Quelles solutions pour débloquer la situation ?
Tout d’abord, au côté de ses alliés africains, la France doit poursuivre son effort militaire, sous peine de voir se recréer une région où les djihadistes font la loi. Ceux-ci pourraient alors facilement depuis cette zone accueillir des terroristes venant d’autres pays (Libye, Syrie...) et y préparer des attaques contre les pays voisins ou contre l’Europe. De plus, les ennemis d’hier doivent trouver des moyens de renouer le dialogue politique afin que le Nord fasse partie intégrante de ce grand pays qu’est la Mali, tout en gardant ses spécificités. Enfin, les zones pauvres du Mali doivent bénéficier d’aides pour se développer. Cela suppose également que les alliés européens de la France se sentent plus concernés et mobilisent des moyens financiers et militaires afin de nous appuyer.
En conclusion, même si l’armée française, au prix de lourds sacrifices avec ses alliés africains, empêche les djihadistes de reconstituer un sanctuaire au Mali, c’est aux ennemis d’hier de trouver une solution politique pour bâtir le « Mali de demain ». Ils n’ont pas le choix, car de cette réussite dépend la paix de toute cette région amie de la France. Le récent succès du sommet Afrique-France de Bamako est un signe encourageant.
Actuailes n° 64 – 8 février 2017
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