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Vers un nouveau modèle agricole ?

Vers un nouveau modèle agricole ?

17-04-2018 à 22:09:55

À l’occasion de la sortie en salles le 10 avril du documentaire On a vingt ans pour changer le monde, Actuailes vous propose de revenir sur les fondements de notre modèle agricole actuel et ses limites.

 

C’est un documentaire militant. Réalisé par des personnes qui veulent faire prendre conscience à l’opinion publique de l’impasse dans laquelle l’activité agricole de notre pays s’est engagée et de l’urgente nécessité de prendre un chemin différent.

Pour comprendre cette démarche, il faut remonter aux années qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale. La France est exsangue, le pays est à reconstruire, toutes les forces sont mobilisées. Les paysans sont incités par les pouvoirs publics à développer leur productivité (la production par travailleur) en mettant en place des outils de production performants visant à optimiser le rendement (la production par hectare).

Les banques montent au créneau et proposent à ces travailleurs de la terre des prêts pour financer ces investissements agricoles : le tracteur remplace ainsi la charrue, les intrants chimiques (engrais, pesticides) sont massivement utilisés, les petites parcelles bordées par des haies sont peu à peu remplacées par de grandes étendues de champs exploitées en monoculture (principalement des céréales). D’une agriculture de subsistance, où le paysan produisait uniquement ce dont il avait besoin pour vivre, on passe à une agriculture industrielle dite conventionnelle, qui permet l’essor d’un nouveau secteur d’activité économique : l’agroalimentaire avec notamment les entreprises de la grande distribution (Leclerc, Carrefour, Auchan, etc.). 

Si l’objectif des années d’après-guerre est atteint (nourrir toute la population et créer des excédents pour exporter ses produits agricoles), ce nouveau schéma comporte bien des effets indésirables qui font, ces dernières années, l’objet d’une couverture médiatique dont On a vingt ans pour changer le monde est le reflet : terres arables détruites par ces intrants chimiques, artificialisation des paysages (l’équivalent d’un département français est « bétonné » tous les dix ans1, érosion des sols (une tonne de nourriture produite aujourd’hui provoque l’érosion d’une tonne de terre2), endettement excessif des agriculteurs, pression sur les prix exercée par la grande distribution, etc

Pour sortir de ce schéma qui n’est pas durable, des voix s’élèvent pour promouvoir un autre modèle où il est possible de réconcilier développement agricole et protection de l’environnement et biodiversité. Les personnes interrogées dans le documentaire parlent de permaculture et d’agroécologie. En clair, ce sont des techniques et des concepts qui redéfinissent le travail humain de la terre autour de principes assez simples : privilégier les petites surfaces, accroître le rendement non pas par des fertilisants artificiels ou des pesticides, mais en favorisant des écosystèmes par l’observation de la nature (biomimétisme), pas de champ en monoculture mais des parcelles travaillées à main d’homme où cohabitent plusieurs cultures, réhabilitation des savoir-faire traditionnels.

Ce nouveau modèle peut être un gisement d’emplois, car il est fondé sur une agriculture de la main d’œuvre : il est possible de créer, dans l’activité du maraîchage et de l’élevage, plusieurs emplois à l’hectare dans des « micro fermes » de 4 ou 5 hectares, là où l’agriculture conventionnelle ne favorise qu’un emploi pour des exploitations de plusieurs dizaines d’hectares.

Mikaël de Talhouët

Vous souhaitez réagir ? Contactez-moi : echodeleco@actuailes.fr

Actuailes n° 84 – 18 avril 2018

 

 

 


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